Les idées reçues (et fausses) sur la faim:
La question principale à résoudre c’est la volatilité des prix alimentaires
Les idées reçues (et fausses) sur la faim:
La question principale à résoudre c’est la volatilité des prix alimentaires
Idées reçues (et fausses) sur la faim:
Idée reçue 10 : la question principale à résoudre c’est la volatilité des prix alimentaires
Faux
En fin d’année 2010, avec l’augmentation observée de certains prix alimentaires, les médias, les organisations internationales (FAO, OCDE, IFPRI, etc.) et le G8/G20 présidé par la France ont pris comme thème prioritaire la question de la volatilité des prix, prenant souvent volatilité et hausse des prix comme équivalent dans leurs discours. Sont aussi pris comme équivalents volatilité et spéculation...
Or, si la volatilité des prix a trait au caractère imprévisible des mouvements des prix et est définie par leur degré de variation (estimé par le coefficient de variation des prix observés), différentes études rapportées dans les Perspectives agricoles 2010-2019 de la FAO et de l’OCDE montrent qu’elle n’a guère augmenté au cours de ces dernières années, et qu’elle a même été moindre ces dernières années qu’au cours des années 70. Cette volatilité résulte du fait que les marchés agricoles mettent en rapport d’un côté une production qui dépend fortement des conditions climatiques et qui ne réagit pas rapidement aux conditions de marché, et de l’autre une demande qui est, elle aussi, du moins pour les produits de base, assez peu sensible aux changements de prix dans la mesure où ces produits sont essentiels pour les consommateurs.
Cette situation est favorable à la flambée des prix au cas où il y a un manque de disponibilité, ceci d’autant plus s’il n’y a pas de stocks à mettre sur le marché pour compenser le déficit de production ou si les taux d’intérêt faibles encouragent la tenue de stocks. C’est la situation qui s’est produite en 2008 et qui s’est renouvelée encore en 2010-2011. C’est aussi une situation qui peut arriver fréquemment dans des pays enclavés qui du fait des coûts de transport prohibitifs se trouvent isolés des principales sources extérieures d’approvisionnement.
Même s’il peut être de quelque utilité d’analyser ce phénomène du point de vue du fonctionnement des marchés, cela ne paraît pas prioritaire, car il faut bien savoir que tout aménagement de la réglementation du marché et des politiques pour réduire la volatilité qu’il faut bien traiter d’épiphénomène, ne résoudra pas la question de fonds, à savoir l’augmentation durable de la production agricole au profit des producteurs les plus pauvres, la réduction de sa dépendance envers le climat et l’encouragement à maintenir un minimum de stocks de sécurité.
On est en droit de se demander si l’importance accordée à la question de la volatilité et de sa résolution par une réglementation de la spéculation n’est pas utilisée comme diversion pour cacher le fait que la Communauté internationale n’a pas été en mesure de tenir les engagements pris en juin 2009 au Sommet mondial sur l’alimentation tenu à Rome et au Sommet du G8 de l’Aquila au mois d’août suivant, de mobiliser plusieurs dizaines de milliards de dollars pour investir dans l’agriculture. Mais c’était avant le plus fort de la crise financière et économique...
(septembre 2012)