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2 octobre 2013


Selon la FAO, le nombre de personnes sous-alimentées aurait baissé en un an de 24 millions



Selon le rapport de 2013 sur L’état de l'insécurité alimentaire dans le monde qui vient d’être publié par la FAO, le FIDA et le PAM, le nombre de personnes souffrant de faim chronique serait tombé à 842 millions pour la période 2011-2013. Ceci représente 24 millions de personnes de moins que pour la période 2010-2012, soit une diminution de 2,8% en une année.


Rappelons que le premier Objectif du Millénaire pour le Développement (OMD1) sur la pauvreté et la faim envisageait une diminution de moitié du pourcentage de la population souffrant de la faim entre 1990 et 2015, c’est-à-dire une diminution jusqu’à un peu moins de 12% de la population mondiale totale. Cet objectif parait presque atteignable puisque ce taux s’est réduit de 1,3 point en trois ans, qu’il est estimé par la FAO à 14,3% pour la période 2011-2013, et que la projection de la tendance amènerait cette proportion à environ 13% en 2015.




Si par contre l’on considère les chiffres absolus et l’objectif fixé lors du premier Sommet Mondial de l’Alimentation en 1996 de réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées, on est loin du compte. L’objectif fixé en 1996, pour être atteint, demanderait une réduction de ce nombre à environ 500 millions de personnes. On voit donc qu’un tel chiffre ne pourrait être atteint sans la mise en oeuvre d’actions résolues, d’une nature et d’un ordre de grandeur incomparable avec ce qui se fait pour l’instant dans le monde [lire]. Elle demanderait notamment de mettre les dirigeants des pays où la faim persiste (c’est-à-dire la quasi totalité des pays, pays riches inclus) devant leur responsabilité et les obliger de prendre les mesures pour assurer une nourriture correcte à leur population. Ce ne serait là que se mettre en conformité avec l’un des droits de l’homme les plus fondamentaux, à savoir le droit à l’alimentation et à condamner ce que l’on peut appeler le famicide mondial qui se perpétue dans l’indifférence quasi générale et qui entraîne la mort de plusieurs millions de personnes chaque année, dont une majorité d’enfants.


Or, malheureusement, si l’on projetait la tendance de réduction du nombre de sous-alimentés au rythme des récentes estimations de la FAO, on atteindrait un chiffre supérieur à 750 millions de personnes sous-alimentées en 2015, soit plus de 50% de plus que l’objectif fixé en 1996. 


On ne peut pas se satisfaire des maigres progrès réalisés au cours de ces dernières années, surtout si l’on se place dans la perspective de l’éradication de la faim, un objectif adopté officiellement par la communauté internationale en décembre dernier [lire] et dans un monde qui a la capacité aujourd’hui de nourrir toute sa population, puisque les disponibilités alimentaires sont bien supérieures aux besoins [lire].


Nous avons déjà eu l’occasion de montrer les limites des estimations de la FAO qui sont probablement en dessous de la réalité et donnent une image inversée de la tendance réelle [lire] et de nous féliciter de la nouvelle méthode d’estimation que la FAO va tester prochainement [lire] et dont il sera intéressant de constater les résultats. Dans son rapport de cette année, il est bon de constater que la FAO ressent la nécessité d’accompagner ses estimations par une batterie d’indicateurs permettant de mieux qualifier et cerner la nature de la faim dans le monde en prenant en compte les différentes dimensions de la sécurité alimentaire (disponibilité, accès physique et économique, stabilité, utilisation) ainsi que certains chocs qui peuvent l’affecter.


Dans l’optique d’une responsabilisation accrue des dirigeants, il serait aussi très certainement utile produire des indicateurs mesurant le niveau d’engagement des gouvernements dans leur lutte contre la faim. C’est là un point politiquement sensible pour une organisation intergouvernementale comme la FAO, mais cela parait indispensable pour augmenter la pression qui devrait s’exercer sur ceux des dirigeants dans le monde qui ne font pas grand chose pour éviter que leur population ne meure de faim. L’Indice d’engagement contre la faim et pour la nutrition (en anglais Hunger and Nutrition Commitment Index, HANCI) développé par l’Institute of Development Studies (IDS), basé à Brighton au Royaume Uni, semble un bon point de départ pour mesurer l’action des gouvernements et démontrer leur inaction malheureusement bien trop fréquente [lire].

 

Dernière actualisation:    octobre 2013

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