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6 juillet 2020

En France, le bio continue sa progression rapide

Il y a environ trois ans, nous nous félicitions d’avoir quelques raisons d’espérer par rapport à notre système alimentaire essentiellement du fait d’une progression très rapide de l’agriculture biologique et notamment à cause d’une véritable explosion de la demande pour les produits de l’agriculture biologique (+20 % en 2016) [lire].

Dans l’édition 2020 de son Baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France publié en janvier dernier, l’Agence Française pour le Développement et la Promotion de l’Agriculture Biologique confirme cette évolution qui s’est encore accélérée depuis le début de la crise de la COVID-19 [lire]. On estime ainsi qu’en 2018, le chiffre d’affaires du bio a atteint 9,7 milliards d’euros (+15 % en un an). Cependant, le potentiel de croissance de cette consommation reste énorme, puisque le bio ne représente encore que 4,8 % du total des produits agricoles et alimentaires, selon l’INSEE.

À partir d’un panel de 2 000 Français structuré par genre, catégorie socioprofessionnelle, âge, région et taille de l’agglomération de résidence, l’Agence estime que :

•Plus de 70 % des Français consomment des produits bio au moins une fois dans le mois (proportion à peu près stable depuis 2016) ;
•14 % des Français consomment des produits bio tous les jours et 33 % au moins une fois dans la semaine ;
•Ce sont les jeunes et les classes les plus aisées qui sont les plus fréquents acheteurs de produits bio ;
•Seuls 11 % des Français ne consomment jamais de produits bio ;
•La consommation de produits bio est en forte augmentation et témoigne des préoccupations environnementales de la population, puisque, en plus de la nourriture, les Français ont également acquis des produits d’entretien ménager, des cosmétiques, des produits pour le jardinage et du textile (voir diagramme)

Proportion des personnes interrogées achetant des produits bio autres qu’alimentaires en 2019

Source: Agence Bio, 2020.

télécharger le diagramme: diagramme bio.png

L’enquête a également présenté d’autres résultats intéressants.

Par exemple, on note d’importants changements dans les comportements alimentaires :

•Un souci plus grand de limiter le gaspillage ;
•L’acquisition accrue de produits frais et de saison en favorisant les denrées locales et les circuits courts (plus de 50 % de l’échantillon) ;
•Les personnes interrogées cuisinent davantage, réduisent l’utilisation de plastiques et d’emballages, et achètent plus de produits bio (plus de 40 %).

Sur le plan du budget, 40 % des personnes interrogées affirment avoir augmenté la part consacrée aux produits bio, 54 % déclarent que leur budget est resté stable et seulement 6 % qu’il a diminué.

57 % des membres du panel enquêté disent ne pas comprendre pourquoi les produits bio sont plus chers que les produits conventionnels, contre 35 % qui sont d’un avis contraire.

L’étude montre également qu’il y a une volonté marquée d’aller de plus en plus vers une consommation exclusive de produits bio. Ainsi, 19 % des personnes consultées affirment que plus de 75 % de leur nourriture est bio, contre seulement 12 % l’année précédente.

La très grande majorité des membres de l’échantillon de l’étude estiment que l’agriculture biologique a plutôt un rôle de préservation de l’environnement (87 %), que ses produits sont plus naturels (82 %) et qu’ils sont meilleurs pour la santé (82 %). Ils sont également d’avis que les produits bio français sont mieux contrôlés que ceux importés de l’étranger.

Un résultat inquiétant est que la confiance en l’information sur les produits bio apparaît en baisse significative (43 % de confiants en 2019 contre 50 % en 2018), ce qui indique la nécessité de mieux informer les consommateurs, si l’on ne veut pas voir une désaffection possible envers les produits bio à l’avenir.

L’achat des produits bio se fait encore très massivement dans les grandes et moyennes surfaces (66 % des acheteurs contre 70 % en 2018).

Les raisons de consommer des produits bio sont très majoritairement la préservation de la santé (59 %), la qualité et le goût des produits (51 %) et la protection de l’environnement (45 %). Ce sont les fruits et légumes, les œufs, le lait et les produits laitiers, les volailles et les jus de fruits qui sont particulièrement consommés en bio.

En face de ces comportements des consommateurs, la production reste insuffisante, mais en croissance rapide. En 2018, plus de 30 % des produits bio étaient importés (plus de 60 % pour l’épicerie et les boissons non alcoolisées, 57 % pour les fruits notamment) [lire]. En France, il y avait en 2018 un peu plus de 1,7 million d’hectares et près de 37 000 fermes bio (comparé à un total d’environ 450 000 unités de production occupant 28 millions d’hectares), ce qui place la France en deuxième position en Europe après l’Espagne [lire].

Étant données les difficultés et la durée de la conversion de l’agriculture conventionnelle vers l’agriculture biologique, qui se fait sur une période allant de quelques semaines pour certains élevages jusqu’à 2 ou 3 ans pour les cultures et qui nécessite une certification, il est important que l’on appuie les producteurs décidant de s’engager sur cette voie, si l’on veut que la demande en forte croissance puisse être satisfaite localement.

Cet appui est l’un des enjeux de la transition vers une agriculture plus durable et une alimentation plus saine.

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