Nouvelles

 

9 septembre 2015



L’agroécologie au centre du système alimentaire appelé par Greenpeace


Pour Greenpeace, l’agroécologie (“ecological agriculture”) est une pièce maîtresse d’un « système alimentaire centré sur les personnes ». Dans un papier publié en mai de cette année, intitulé « Agroécologie - les sept principes d’un système alimentaire centré sur les personnes » (Ecological farming - The seven principles of a food system that has people at its heart” - disponible uniquement en anglais) et « dédié aux millions de producteurs agricoles dans le monde qui produisent notre alimentation avec dignité et amour et qui souvent n’obtiennent que trop peu en retour », l’ONG internationale fait des propositions sur ce qui doit être fait pour réparer notre « système alimentaire en panne ». Pour cela, le monde doit être un monde où :


  1. 1.« les producteurs et les consommateurs, et non les grandes entreprises, controlent la chaine agro-alimentaire [souveraineté alimentaire]

  2. 2.l’agroécologie contribue au développement rural et au combat contre la pauvreté et la faim en procurant des moyens de vivre aux communautés qui soient sûrs, sains et économiquement viables

  3. 3.pour augmenter la disponibilité mondiale en nourriture et améliorer le niveau de vie dans les régions les plus pauvres, nous…réduisons l’utilisation non durable de ce que nous produisons à l’heure actuelle et… diminuons le gaspillage alimentaire, réduisons notre consommation de viande et minimisons l’utilisation de la terre en vue de la production de bioénergie

  4. 4.l’agroécologie s’intéresse à la diversité de la nature, depuis la graine jusqu’à l’assiette et à travers tout le paysage agricole

  5. 5.il est possible d’augmenter la fertilité du sol sans utiliser des produits chimiques… [en protégeant] les sols de l’érosion, de la pollution et de l’acidification… en augmentant la matière organique dans le sol là où c’est nécessaire…

  6. 6.l’on donne la possibilité aux producteurs agricoles de contrôler les ravageurs et les mauvaises herbes sans utiliser des pesticides chimiques coûteux qui peuvent faire du mal à notre sol, notre eau et notre écosystème, ainsi qu’aux producteurs et aux consommateurs

  7. 7.l’agroécologie crée de la résilience : elle renforce notre agriculture et adapte effectivement notre système alimentaire à des conditions climatiques changeantes ainsi qu’aux réalités économiques. »




L’agroécologie n’est donc pas un retour au passé comme certains critiques simplistes aiment à le dire, mais plutôt, comme le dit le papier de Greenpeace, elle « associe la science moderne et l’innovation au respect de la nature et de la biodiversité ».


En soutien aux sept principes énoncés, le papier poursuit en présentant quelques arguments fondés sur des faits et sur la science.


Les fondements du concept de souveraineté alimentaire se trouvent dans le mouvement social à la pointe duquel se trouve La Via Campesina. Il condamne les goulots d’étranglement présents dans la structure de notre système alimentaire du fait de l’extrême concentration du pouvoir au niveau des intrants agricoles, du commerce des produits agricoles et de la grande distribution. Mais il est aussi cité dans l’Évaluation Internationale des Connaissances, des Sciences et des Technologies Agricoles pour le Développement (EICSTAD), dès 2008. Les implications pratiques de la souveraineté alimentaire sont énumérées dans le document de Greenpeace et comprennent notamment: « les réformes agraires, la restructuration et le renforcement des marchés régionaux et la reconnaissance du rôle central des femmes dans l’agriculture ».


Le papier apporte aussi des preuves qui vont à l’encontre de ce que les critiques de l’agroécologie avancent d’habitude pour la rejeter comme alternative non crédible (par exemple la diminution de la productivité et de la production).


Ainsi, il cite plusieurs rapports qui montrent que l’adoption de techologies provenant de l’agroécologie ou de l’agriculture biologique entraîne une augmentation des rendements et une amélioration des conditions de vie des producteurs agricoles dans les zones tant intertropicales que tempérées et méditerranéennes, à condition que l’on utilise des techniques appropriées.


Une diminution de l’utilisation non durable de la nourriture (gaspillage alimentaire, alimentation des animaux desquels nous tirons des aliments), dit le rapport, pourrait aussi assurer l’alimentation de près de 2,4 milliards de personnes supplémentaires, sans pour autant devoir augmenter les rendements en ayant recours à des technologies non durables qui menacent les ressources en terre et en eau, et la biodiversité.


Le papier poursuit en énumérant plusieurs avantages additionnels de l’agroécologie pour la biodiversité, notamment par rapport à l’utilisation des semences, les cultures associées et la diversité, ainsi que leurs implications sur notre régime alimentaire, la santé du sol et la gestion durable de sa fertilité, la qualité de notre eau, le dérèglement climatique et la lutte intégrée contre les ennemis des cultures.


A lafaimexpliquee.org, nous nous félicitons de de papier et des preuves/arguments qu’il présente d’une façon très claire et bien illustrée. C’est là une lecture obligée pour tout ceux d’entre nous qui pensent qu’il faut en effet réparer notre système alimentaire.


—————————-


Pour en savoir davantage :


  1. -Baker, M. et al, Ecological farming - The seven principles of a food system that has people at its heart, Greenpeace, 2015 (uniquement disponible en anglais)

  2. -l’Évaluation Internationale des Connaissances, des Sciences et des Technologies Agricoles pour le Développement (EICSTAD),  Résumé Analytique du Rapport de Synthèse, 2009


Sélection d’articles déjà parus sur lafaimexpliquee.org et liés à ce sujet :


  1. -Pour une agriculture plus durable : trois idées reçues qu’il faut battre en brèche, 2015

  2. -Une solution pour lutter contre le dérèglement climatique : une agriculture qui stocke du carbone dans le sol, 2015

  3. -Des chercheurs montrent que l’agriculture biologique génère plus de valeur économique que l’agriculture conventionnelle, 2015

  4. -France: une autre agriculture est possible, 2015

  5. -L’agroécologie comme alternative à l’agriculture conventionnelle: point de vue venu d’Amérique Latine, 2013

 

Dernière actualisation:    septembre 2015

Pour vos commentaires et réactions: lafaimexpl@gmail.com