Sept principes pour en finir avec la faim :

Développement de la recherche

 

Quatrième principe : Développement de la recherche




Développement de la recherche pour une technologie agricole durable et accessible


  1. La recherche agricole s’est davantage attelée à l’objectif d’augmentation de la production agricole qu’à celui de voir comment l’agriculture peut contribuer à la réduction de la faim et de la pauvreté et lutter contre le processus de réchauffement climatique.


  2. La conséquence de cette orientation a été la production de solutions technologiques adaptées à des exploitations moyennes ou grandes capables de se procurer sur le marché les équipements et les intrants que ces solutions exigent, mais qui sont hors d’atteinte des petits producteurs, particulièrement ceux qui sont dans une situation de sous-alimentation chronique et de pauvreté. Ces technologies ont permis de mettre en place un vaste complexe industriel et chimique en amont de l’agriculture, et ont entrainé des investissements énormes dans la mise en place d’infrastructures, notamment d’irrigation, qui ne profitent qu’à une minorité de producteurs [lire]. Mais ces solutions se sont avérées non durables dans la mesures où elles ont contribué à une dégradation des ressources en terre et en eau, et à un appauvrissement de la biodiversité. Elles n’ont pas davantage réglé le problème de la faim dans le monde et, dans les pays qui les appliquent de la façon la plus avancée, les rendements agricoles ont atteint un maximum, voire ont commencé à décroître.




  3. Il s’agit donc à présent de réorienter la recherche agricole afin qu’elle se concentre sur la production de solutions techniques qui soient accessibles à tous les producteurs et qui permettent une transition vers une agriculture plus durable, tout en assurant une production agricole suffisante pour faire face à la demande mondiale. Ces solutions techniques devront aussi permettre d’améliorer la production dans des conditions qui ne sont pas nécessairement optimales, notamment pour l’agriculture en sec. Des exemples de telles activités de recherche existent, même si elles restent encore aujourd’hui l’exception. On pense ici notamment aux recherches menées sur l’agroforesterie, le système de riziculture intensif (SRI), le push-pull et la lutte intégrée contre les ravageurs. L’accent dans ces avancées est mis sur la gestion des cultures et non les intrants commerciaux, ce qui les rend plus accessibles aux producteurs pauvres. Ces technologies se basent aussi sur des connaissances locales spécifiques, et proposent des solutions adaptées à un milieu donné, et non des solutions générales qui gomment la diversité des conditions écologiques.


  4. Le développement d’une telle recherche exigera:


  1. Une approche décentralisée, proche des producteurs et qui tienne compte de la diversité des situations agro-climatiques, sociales économiques et culturelles

  2. La mobilisation de ressources et institutions publiques pour assurer l’indépendance de la recherche par rapport aux entreprises commerciales qui naturellement cherchent avant tout la promotion de leurs produits (équipement, intrants, etc.)

  3. Une association des petits producteurs, notamment des femmes, par leurs organisations représentatives, à la recherche afin d’assurer la pertinence des recherches entreprises par rapport aux contraintes spécifiques qu’ils/elles ont.




Materne Maetz

(octobre 2013)


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  2. Pour en savoir plus:


  3. Produire avec plus avec moins: une solution technologique durable accessible aux petits producteurs? sur www.lafaimexpliquee.org, 2013

  4. Le système de riziculture intensif (SRI) (Site de l’Université de Cornell - en anglais)

  5. Insectes auxiliaires: la lutte biologique, Institut National de la Recherche Agronomique

  6. Push-pull, ICIPE - African Insect Science for Food and Heath

  7. Site Web du Centre Mondial d’Agroforesterie (ICRAF)

 

Dernière actualisation: octobre 2013

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