Sept principes pour en finir avec la faim :

Reconnaissance et Respect des droits

 

Sixième principe : Reconnaissance et respect des droits




Reconnaissance et respect des droits des communautés rurales sur les ressources naturelles (terre, eau, forêts et ressources génétiques) et du droit à l’alimentation


Le regain d’intérêt pour l’agriculture qui a accompagné l’augmentation des prix agricoles depuis le milieu des années 2000 a multiplié les tentatives de prises de contrôle des ressources naturelles par divers opérateurs. Cela s’est traduit par une augmentation de la pression sur les droits des communautés rurales (particulièrement les droits à la terre, l’eau, les forêts et les ressources génétiques notamment). Accaparement des terres et de l’eau, concessions forestières et carbone, accès coûteux aux semences améliorées, utilisation commerciale de connaissances traditionnelles sont les formes les plus connues qu’ont empruntées ces prises de contrôle.


Ces menaces sur des droits qui permettaient aux communautés rurales d’avoir accès à des ressources naturelles indispensables à leur survie se sont souvent concrétisées sous forme de spoliations et ont contribué à mettre des millions de ruraux dans une difficulté croissante. La réaction à cet état de fait dangereux à été, au mieux, confuse. D’une part il y a eu une série de conventions, directives et déclarations plus ou moins contraignantes, appropriées et effectives, dont la teneur a souvent été critiquée et le contenu insuffisamment adapté à la situation trouvée sur le terrain. D’autre part des encouragements ont été prodigués envers la présence de plus en plus forte d’intérêts privés (entreprises multinationales, régionales, nationales ou locales et fonds d’investissement) qui s’organisent de façon de plus en plus effective et dont les interventions sur le terrain ont entrainé une prise de possession des ressources, une marginalisation des populations locales, et, dans certains cas, le déplacement forcé de populations.




Face aux violations des droits des populations, une mobilisation organisée s’impose. L’organisation des populations rurales (premier principe) est un moyen efficace de faire respecter leurs droits, surtout si elle est aussi appuyée par une campagne internationale. Le cas des Masai de Loliondo en est un bon exemple récent. D’une façon plus systématique, une consultation plus large laissant leur place à toutes les parties prenantes devrait permettre d’améliorer les textes internationaux régissants la gouvernance des ressources naturelles. Mais ces textes devraient aussi être pourvus d’une obligation légale pour rendre les droits ainsi reconnus opposables devant une autorité judiciaire internationale.


Le Droit à l’Alimentation devrait non seulement être inclus dans la Constitution des pays, mais les politiques devraient aussi être alignées sur ce droit et des actions concrètes prises. Il s’agit en effet de créer un environnement favorable qui permette aux populations de s’alimenter dans la dignité et des filets de protection sociale requis établis pour ceux qui sont encore incapables de le faire [lire], en cohérence notamment avec les principes deux et sept proposés ici.


Enfin, pour tenir pleinement compte du fait que la faim est un phénomène découlant de décisions humaines et n’est pas une fatalité, les responsables des pays où la faim persiste et qui ne font pas preuve par les faits d’une volonté réelle de l’éradiquer devraient pourvoir être traduits devant une autorité judiciaire internationale au même titre que d’autres responsables de crimes contre l’humanité. Après tout, la faim chronique, fait chaque année des millions de victimes.




Materne Maetz

(octobre 2013)

 

Dernière actualisation: octobre 2013

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