Nouvelles
17 août 2015
Programmes sociaux : consensus sur leur utilité, désaccord sur leur financement
A l’heure où la protection sociale se trouve de plus en plus menacée par les mesures d’austérité dans les pays riches, et alors qu’elle devenue plus nécessaire encore au moment où la crise la crise et ses conséquences frappent de plein fouet les groupes les plus vulnérables, au niveau international, et en particulier pour les pays les plus pauvres, son utilité est largement reconnue.
Ainsi, lors de la Conférence sur le financement du développement d’Addis Abeba, les pays participants ont approuvé un nouveau pacte qui affirme la nécessité de mettre en place des systèmes et des mesures de protection sociale pour tous. Sur lafaimexpliquee.org nous avons déjà eu l’occasion récemment de donner la parole à ceux qui ont, depuis des années, souligné le potentiel que représentaient les programmes ciblés de protection sociale, en particulier les programmes de paiement d’allocations monétaires, dans la lutte contre la faim tant en zones rurales qu’urbaines. [lire ici]
Dans un rapport qu’elle vient de publier le mois dernier, la Banque mondiale, à son tour, souligne l’importance et le rôle determinant que peuvent jouer les filets sociaux dans la lutte contre la pauvreté. Alors que l’on estime à environ 9000 milliards de dollars les dépenses sociales totales effectuées rien que dans les pays membres de l’OCDE en 2011 [lire ici], ce ne seraient, selon la Banque mondiale, que 329 milliards de dollars qui auraient été alloués aux filets sociaux dans les pays dits ‘en développement’ entre 2010 et 2014. Ces filets auraient bénéficié à 1,9 milliards d’individus dans 136 pays et étaient constitués notamment de programmes de nutrition, de chantiers publics et de programmes de transferts monétaires, ces derniers représentant plus du tiers des programmes sociaux mis en oeuvre.
S’appuyant sur des chiffres pourtant fortement contestés [lire ici - en anglais] la Banque mondiale estime que les filets sociaux ont permis une baisse de 8% du niveau du taux de pauvreté et de 15% celui de l’intensité de la pauvreté, et que chaque dollar transféré crée entre 1.08 et 2,52 dollars de richesse dans les sociétés concernées.
Si tout le monde s’accorde sans doute à présent pour reconnaitre l’utilité des programmes sociaux pour lutter contre la faim et la pauvreté, ainsi que sur l’impact positif qu’ils ont sur la croissance économique et le développement, la question reste entière sur leur mode de financement. Pourtant, ce ne sont pas les richesses qui manquent, et leur concentration entre quelques mains hyper-privilégiées va bon train en l’absence d’un système fiscal qui permette d’imposer les revenus de façon équitable. Ainsi les grandes entreprises, surtout quand elles sont transnationales, arrivent à « optimiser » leur fiscalité et à être moins imposées que les autres contribuables, quand elles n’arrivent pas à échapper entièrement aux impôts sur leurs bénéfices. Le désaccord, à Addis Abeba, entre les pays de l’OCDE et le reste du monde sur la façon de s’attaquer éventuellement à cette situation, n’augure rien d’autre qu’un très probable statu quo.
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Pour en savoir davantage :
-Banque mondiale, The State of Social Safety Nets 2015, 2015
-Hickel, J., Exposing the Great 'Poverty Reduction' Scandal, Common Dreams, 2014 (en anglais uniquement)
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Dernière actualisation: août 2015
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