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Allocation monétaire pour éliminer la faim


Lors de la Troisième conférence internationale sur le Financement du développement tenue à Addis Abeba en juillet 2015, les trois agences alimentaires romaines, la FAO, le FIDA et le PAM, ont présenté un papier conjoint sur le coût de l’éradication de la faim d’ici 2030. Ce qui revêt une importance toute particulière, c’est qu’il recommande l’utilisation de programmes ciblés de protection sociale, en particulier de paiement d’allocations monétaires, dans le cadre des efforts de réduction de la faim tant en zones rurales qu’urbaines. Ceci représente une évolution fondamentale dans les stratégies utilisées par ces agences dans leurs efforts de réduction de la faim. Elles passent ainsi d’une stratégie fondée sur l’hypothèse implicite que le développement agricole entrainera automatiquement une réduction de la faim, à une approche qui reconnait que la faim, dans un monde d’abondance alimentaire, est la conséquence de l’incapacité de familles très pauvres d’acquérir la nourriture dont elles ont besoin pour mener une vie en bonne santé.


Parfois, il est instructif d’analyser comment les idées évoluent dans le temps, passant du stade d’idée minoritaire, voire marginale, à celui de d’idée prédominante communément acceptée. Frédéric Dévé a été l’un des défenseurs infatigables de l’utilisation de programmes de paiement d’allocations monétaires comme pièce maitresse des efforts d’élimination de la faim. A présent que ces idées semblent avoir atteint « le stade de maturité » et que l’élimination de la faim d’ici 2030 parait être devenue une première priorité parmi les nouveaux Objectifs de développement durable, il est opportun de re-publier deux de ses articles passés sur ce sujet. Depuis qu’il les a écrit en 2009 et 2013, une masse importante de preuves a émergé sur l’immense capacité qu’ont les allocations monétaires à diminuer la faim et la pauvreté ainsi qu’à réduire les différences de revenus entre les riches et les pauvres. Ces preuves soutiennent maintenant les affirmations antérieures de Dévé qui reposaient davantage sur l’intuition que sur des chiffres incontestables !

Le défi, maintenant, est de traduire cette nouvelle compréhension en une action pratique, le plus vite possible, afin de mettre un terme à la plus grande injustice de notre temps.

 

Andrew MacMillan *

(juillet 2015)


  1. Un milliard cash pour un milliard d’affamés ! par Frédéric Dévé (2009)


  1. Une allocation monétaire aux plus pauvres est le moyen le plus efficace pour lutter contre la faim par Frédéric Dévé (2013)



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  1. *Andrew MacMillan est économiste agricole spécialisé en agriculture tropicale, ancien Directeur de la Division des opérations de la FAO. Il est co-auteur d’un livre intitulé «Comment en finir avec la faim en temps de crises - Commençons dès maintenant», publié chez L’Harmattan, Paris 2014.


 

Dernière actualisation: juillet 2015

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