Nouvelles
16 octobre 2014
34e Journée Mondiale de l’Alimentation : Nourrir le monde, préserver la planète grâce à l’agriculture familiale
Le thème de la 34e Journée Mondiale de l’Alimentation est « Agriculture familiale : Nourrir le monde, Préserver la planète ». L’objectif de cette journée est d’attirer l’attention d’un large public sur le rôle central que joue l’agriculture familiale dans la lutte contre la faim et la pauvreté et la gestion durable des ressources naturelles. Ce thème tombe à pic dans la mesure où 2014 est l’année internationale de l’agriculture familiale dont le but est de repositionner l’agriculture familiale au centre des politiques agricoles, environnementales et sociales.
Mais, alors que nous arrivons à la fin de l’année internationale de l’agriculture familiale, il faut bien dire que l’avenir des 513 millions de fermes familiales qui font vivre plus de 3 milliards de personnes à travers le monde, apparait plutôt sombre, si les États ne se décident pas à prendre des mesures énergiques pour en favoriser le développement.
Pourtant, ce sont les fermes familiales qui produisent la grande majorité de notre alimentation (environ les 3/4 - 80% en Asie), et elles constituent le principal réservoir de la biodiversité agricole qui est de plus en plus menacée (75% de la diversité génétique agricole a été perdue du fait du remplacement des variétés locales par des variétés à haut rendement, et six races animales sont perdues en moyenne chaque mois !).
Mais l’agriculture familiale a trop souvent été présentée comme un échec, alors que le marasme dans lequel se trouve cette agriculture peut s’expliquer par l’abandon et l’exclusion des services et de l’appui de l’État dont elle a été l’objet [lire davantage sur l’exclusion]. En conséquence de quoi, surtout depuis le milieu des années 2000 et la crise alimentaire, la pensée dominante est que l’avenir de l’agriculture et de l’approvisionnement en nourriture de la planète doit être confiée aux investisseurs privés et à la grande agriculture industrielle. Cette dernière est pourtant inefficace (très « énergivore », dépendante de la mécanisation et des engrais et produits chimiques dérivés de l’énergie fossile) et peu créatrice d’emplois. Elle saccage et pollue l’environnement, menace la biodiversité, maltraite les animaux, produit des aliments souvent contaminés qui mettent en danger la vie des consommateurs et émet de grandes quantités de gaz à effet de serre qui contribuent au changement climatique.
Cet élan vers une agriculture à grande échelle se traduit par l’émergence d’alliances auxquelles sont associées très puissamment les grandes multinationales de l’agrochimie et de l’agroalimentaire, telles que la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition et l’Alliance pour une agriculture climato-intelligente dont la seconde vient de voir le jour il y a à peine un mois. Il se traduit aussi par une violente offensive qui cherche à confisquer la terre des fermes familiales pour la remettre à des grandes exploitations qui, un peu partout dans le monde, ont le vent en poupe [lire sur la question foncière page 5 et suivantes].
Ce mouvement favorisera, si on ne fait rien pour l’endiguer, par un exode rural massif qui aboutira à une explosion de la population urbaine susceptible d’être de plus en plus fragilisée et de souffrir de sous-alimentation chronique. Ainsi, en Inde, au milieu de la première décennie de ce siècle, plus de 16% de la population urbaine était en situation de sous-alimentation chronique et cette proportion était en augmentation. Si l’on projette la situation indienne à l’horizon 2050, quand l’Inde aura atteint une population urbaine de plus de 800 millions d’habitants, ce seraient près de 200 millions d’urbains - voire davantage - qui pourraient souffrir de la faim, rien que dans ce pays. En Afrique, en même temps on s’attend à voir la population urbaine atteindre 1,5 milliard de personnes, dont beaucoup seront également incapable d’avoir accès à la nourriture.
Il parait donc indispensable de faire le nécessaire pour accompagner le développement de l’agriculture familiale, pour freiner l’exode rural, mais aussi pour produire une alimentation plus saine dans le respect des ressources naturelles. C’est là un défi qui reste entier alors que nous approchons de la fin de cette année internationale de l’agriculture familiale.
En attendant, si vous voulez débattre avec nous, venez à la salle Jean Dame, 17 rue Léopold Bellan 75002, métro Sentier, où se tiendra à 19 heures la Séance de lancement du Festival ALIMENTERRE organisée par CFSI, Cedidelp, Ingénieurs Sans Frontières, Artisans du Monde, Starting-Block et Mairie du 2e arrondissement. Débat sur le thème « Nourrir les villes, un enjeu pour demain ».
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Dernière actualisation: octobre 2014
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