Sept principes pour en finir avec la faim :
Protection des agricultures locales
Cinquième principe : Protection des agricultures locales
Protection des agricultures locales
Le niveau de protection des agricultures à travers le monde est très inégal. Certains, notamment dans les pays riches de l’OCDE bénéficient de subventions énormes, de l’ordre d’un milliard de dollars par jour et de services agricoles perfectionnés et performants, alors que d’autres doivent se débrouiller sans pratiquement aucune aide et sans appui. [lire]
C’est dans ces zones où l’agriculture est abandonnée que l’on trouve le plus grand nombre de personnes en situation de faim chronique. Le peu de surplus que ces petits producteurs peuvent générer se trouve souvent en concurrence avec des produits importés subventionnés, voire même avec de l’aide alimentaire souvent non justifiée. [lire]
Si l’on veut que ces agriculteurs puissent vivre décemment de leur travail, il faut les protéger d’une concurrence déloyale:
•A défaut d’arriver à une réduction réelle des subventions dans les pays riches par un accord dans le cadre de l’OMC, ils s’agit d’établir une taxation sur les importations abusivement bon marché fixée à un niveau qui compense les subventions payées aux producteurs des pays exportateurs, ce qui permettra de dégager des ressources financières qui pourront être réinvesties dans le développement agricole, la recherche agronomique notamment, mais aussi les services agricoles et de protection sociale (des données existent qui permettent de calculer le niveau de cette taxe compensatoire). Certes, les consommateurs seront pénalisés dans le court terme, mais le développement local de l’agriculture, de sa production et de sa productivité devraient se traduire à terme par une baisse des prix des produits locaux et un développement des filières agroalimentaires locales qui ne manquerait pas de créer des emplois et de la valeur ajoutée qui bénéficierait aussi aux consommateurs et aux habitants des villes. Cette taxe devrait progressivement être diminuée au fur et à mesure que les subventions diminueraient dans les pays exportateurs. La faisabilité politique de cette option, comme la plupart des principes énoncés ici, dépendra de la mise en oeuvre du premier principe, c’est-à-dire l’organisation de ceux qui ont faim afin d’augmenter leur poids politique.
•Pour ceux des ruraux engagés dans la production de produits agricoles d’exportation, la protection nécessitera une remise en cause des principes et modalités du commerce international. Il s’agira d’appliquer les principes de base du commerce équitable, c’est-à-dire notamment: (i) des prix rémunérateurs justes permettant une vie décente aux producteurs - couverture des frais de production, satisfaction des besoins quotidiens et capacité d’épargner pour investir -, (ii) le respect des principes et droits fondamentaux au travail définis par l’OIT - (iii) des relations commerciales fondées sur des contrats à moyen ou long terme, (iv) le respect de l’environnement et (v) la simplification des filières pour augmenter la part qui revient au producteur du prix payé par le consommateur.
Protéger ainsi les agricultures locales contribuera à la réalisation de la souveraineté alimentaire [lire]
Ce sont là des actions qui paraissent difficiles à appliquer dans le contexte actuel des rapports de force tant nationaux qu’internationaux. Pourtant ils paraissent indispensables si l’on veut réellement vaincre la faim.
(octobre 2013)
Dernière actualisation: octobre 2013
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