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9 janvier 2021
Chaque année, il y a 385 millions de cas d’intoxication involontaire aiguë par les pesticides, affirme une étude du PAN
Selon les données de la FAO, le niveau d’utilisation des pesticides dans le monde a été relativement stable depuis 2010 aux alentours de 4,1 millions de tonnes, soit près du double (+81 %) de ce qu’il était en 1990.
Dans une étude (en anglais) publiée récemment dans BMC Public Health, un groupe d’experts mandatés par le Pesticide Action Network (PAN) (réseau international d’action sur les pesticides) présente une estimation du nombre d’intoxications involontaires aiguës par les pesticides dans le monde.
Les chiffres avancés sont basés sur une revue systématique des articles scientifiques de la période 2006-2018, complétée par les données sur la mortalité de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’étude couvre 141 pays dont 58 à partir de 157 publications scientifiques et 83 à l’aide des statistiques de la base de données sur la mortalité de l’OMS (en anglais).
En tout, l’étude estime qu’il y a chaque année 385 millions de cas d’intoxication involontaire aiguë par les pesticides causant 11 000 morts. Ce chiffre signifie que près de la moitié des producteurs agricoles dans le monde sont concernés chaque année par une intoxication aiguë par les pesticides et se retrouvent dans une situation de risque de conséquences sanitaires chroniques (perte de qualité de vie, perte de bien-être et perte de capacité de travailler) et même, à terme, de mort, dans la mesure où ces empoisonnements peuvent se répéter au cours de leur vie. L’Asie du Sud est de loin la région la plus touchée par ce phénomène, suivi de l’Asie du Sud-Est et de l’Afrique de l’Est, pour ce qui est des accidents non fatals.
La dernière estimation (en anglais), effectuée par un groupe de travail de l’OMS en 1990, avançait environ un million de cas d’intoxication involontaire aiguë par les pesticides et 20 000 victimes, de même que deux millions supplémentaires d’empoisonnements intentionnels par les pesticides chaque année. On considère ces chiffres comme une sous-estimation de la réalité dans la mesure où une grande partie des intoxications que l’on considérerait aujourd’hui comme aiguës étaient alors classées comme « légères » et n’étaient pas enregistrées.
La diminution du nombre de morts observée entre 1990 et 2020 peut s’expliquer par la mise en œuvre de nouvelles réglementations qui ont interdit certains pesticides extrêmement toxiques et encouragé une meilleure protection des utilisateurs.
Malgré les sérieux problèmes de données et de méthode rencontrés lors de l’estimation de leurs chiffres, les auteurs du rapport de 2020 affirment avec confiance que les pesticides représentent un problème majeur de santé pour les producteurs agricoles.
On ne peut que souscrire à cette affirmation.
Dans ce contexte, il est justifié de se préoccuper de la signature récente d’un partenariat entre la FAO et CropLife, l’association des producteurs de pesticides [lire - troisième partie].
Il importe de rappeler ici que l’impact sanitaire délétère des pesticides ne se limite pas aux producteurs agricoles, mais qu’il touche également les consommateurs, comme nous avons déjà eu l’occasion de le rapporter ici [lire]. En outre, les pesticides ont aussi un effet négatif sur notre environnement (sol et eau, en particulier).
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Pour en savoir davantage :
•Boedeker, W., Watts, M., Clausing, P. et al. The global distribution of acute unintentional pesticide poisoning: estimations based on a systematic review. BMC Public Health 20, 1875 (2020) (en anglais).
•WHO, Public health impact of pesticides used in agriculture, 1990 (en anglais).
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Dernière actualisation : janvier 2021
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