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15 août 2017
Le Brexit et le système alimentaire du Royaume Uni : beaucoup de défis et une opportunité
La décision du Royaume Uni de quitter l’Union européenne (UE) soulève de nombreuses questions relatives à l’alimentation qui n’ont pas été débattues lors de la campagne du référendum. Mais à présent que débutent les négociations sur le Brexit, les Britanniques doivent faire face à la dure réalité et oublier les promesses illusoires faites lors de la campagne par les dirigeants pro-Brexit.
Quarante-quatre ans après être devenu membre de l’UE, le Royaume Uni prend conscience du niveau élevé d’interrelations et de dépendance mutuelle qu’il a développé avec les autres membres de l’UE et de la difficulté qu’il rencontrera pour couper des liens tissés au cours de presque cinq décennies et reconstruire les instruments nécessaires pour établir un système alimentaire solide, durable et sûr. Dans plusieurs domaines qui sont cruciaux pour une gestion appropriée du système alimentaire, le Royaume Uni a accumulé des faiblesses considérables :
•Institutionnelles :
•Législation alimentaire : si le Royaume Uni ne se contente pas simplement d’adopter la législation alimentaire de l’UE et d’en faire la législation nationale, il devra formuler de nouvelles lois. Cela prendra du temps et comportera le risque d’adopter des normes alimentaires plus basses (comme celles en vigueur au niveau international) et d’accorder une protection moindre aux consommateurs, à leur santé et à l’environnement ;
•Les institutions pour la mise en oeuvre des normes alimentaires : le Royaume Uni dépend des institutions européennes pour les normes alimentaires et les institutions britanniques chargées du contrôle et de la mise en oeuvre des normes manquent de personnel et de budget, et sont très affaiblies. Elles devront être renforcées afin d’assurer une protection appropriée aux consommateurs.
•Économiques :
•Au cours des dernières décennies, la production alimentaire du Royaume Uni a diminué ; il en découle une dépendance croissante du pays sur les importations provenant du reste de l’UE, particulièrement pour les fruits et les légumes qui sont d’une importance vitale pour la santé ;
•Le système alimentaire du Royaume Uni repose sur une utilisation massive de migrants qui, selon les résultats des négociations sur le Brexit, pourraient voir leur nombre diminuer fortement à l’avenir, ce qui aurait des implications sur les coûts de production de la nourriture locale et sur les prix payés par les consommateurs.
•Stratégique :
•Le Royaume Uni manque d’une vision sur ce que les objectifs spécifiques du système alimentaire devraient être. C’est tout particulièrement vrai dans le cas de l’Angleterre ;
•Il n’est pas clair quel sera le niveau de soutien qui sera garanti au secteur agricole et alimentaire dans la situation post-Brexit. Si l’on considère les critiques faites à la Politique agricole commune de l’UE, on peut parier que le montant des subventions diminuera fortement, ce qui aura un fort effet sur la sécurité alimentaire du pays dans son ensemble et des conséquences potentiellement dramatiques pour les groupes de population les plus pauvres.
Les points qui viennent d’être énumérés résument les principales conclusions d’un document préparé récemment par trois spécialistes britanniques des questions alimentaires. Dans “A Food Brexit: time to get real - A Brexit Briefing” (Un Brexit alimentaire : l’heure de la réalité - Un briefing sur le Brexit), les trois auteurs détaillent les coûts et les risques élevés découlant du Brexit.
Cependant, le bon côté de la médaille est que le Brexit pourrait aussi être une chance pour le Royaume Uni de refondre totalement son système alimentaire qui, on l’a vu [lire], est un échec.
Dans leur conclusion, les auteurs font plusieurs recommandations dans ce sens, parmi lesquelles :
•La création d’un nouveau cadre réglementaire pour l’alimentation au Royaume Uni, lié aux Objectifs de développement durable et à l’accord de Paris sur le climat (2015) ;
•La fixation de nouveaux objectifs pour la sécurité alimentaire du Royaume Uni (offre, qualité, sécurité sanitaire et consommation des produits alimentaires) qui vont au-delà la simple quantité d’offre alimentaire pour se préoccuper de la résilience des écosystèmes et des systèmes sociaux ;
•Le développement d’une approche à la politique alimentaire qui soit ouverte du point de vue politique et inclusive socialement.
Le Royaume Uni se trouve sur le fil du rasoir : soit le Brexit sera source d’amélioration et d’un système alimentaire plus durable, plus équitable et plus inclusif, soit il générera un système plus inégalitaire qui protégera moins la santé des consommateurs, exploitera davantage l’environnement et établira une justice sociale dégradée.
La balle est dans le camp du gouvernement britannique.
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Pour en savoir davantage
•Lang, T., E. Millstone et T. Marsden, A Food Brexit: time to get real - A Brexit Briefing, University of London, University of Sussex, Science Policy Research Unit and Cardiff University, 2017 (en anglais).
•MacMillan, A. et P. Beeden, The UK should seize the Brexit moment to reform its food policies (and become a role model for other countries).pdf, Agriculture for development, 29 (2016) (en anglais).
Sélection d’articles déjà parus sur lafaimexpliquee.org et liés à ce sujet :
•Royaume Uni : une étude montre l’échec du système alimentaire britannique, 2014
•MacMillan, A., Le moment n’est-il pas venu de repenser la gestion de notre alimentation ? 2014
et des articles sous notre rubrique « Europe ».
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Dernière actualisation: août 2017