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12 août 2016
Rapport sur la nutrition mondiale : un goût d’inachevé…
Les résultats présentés par l’Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI) dans son Rapport sur la nutrition mondiale - Des promesses aux impacts - Éliminer la malnutrition d’ici 2030 montrent que le chemin est encore long avant que l’un des défis les plus importants auxquels le monde doit faire face soit enfin relevé : la malnutrition, qui affecte environ un tiers de la population mondiale.
Il est bon de rappeler ici que le concept de malnutrition englobe ceux de sous-alimentation (déficit en calories qui concerne 800 millions de personnes dans le monde), la carence en micro-nutriments (qui touche 2 milliards de personnes) et la surconsommation alimentaire (qui concerne 2 milliards de personnes). Le coût de la malnutrition a été estimé à environ 10% du PIB mondial, soit bien davantage que celui de la crise financière de 2008-2010. Il comprend les conséquences économiques du sous-développement physique et intellectuel des personnes sous-alimentées ainsi que la mort et les maladies qui frappent les personnes en surpoids ou souffrant du diabète du fait de la surconsommation de nourriture.
Malgré l’importance et les multiples engagements pris par les pays de mettre fin à la malnutrition, le Rapport nous dit que le monde est mal parti pour atteindre cet objectif d’ici 2030. Alors que des progrès satisfaisants ont été réalisés dans la nutrition des enfants, la diminution du surpoids chez les adultes et la régression de l’anémie chez la femme restent dramatiquement à la traîne. Et l’accord général sur les 17 Objectifs de Développement Durable (dont 12 au moins sont liés d’une façon ou une autre à la malnutrition) signé il y a un an n’a pas encore changé cette situation. Ceci est en grande partie dû, comme souvent, au fait que les engagements pris n’ont pas été suivis de dépenses suffisantes pour faire face aux besoins : des paroles et des déclarations, oui ; de l’argent, non ! Et quand argent il y a, les programmes financés comprennent des lacunes dans la façon dont ils ont été conçus : ils ne traitent pas toutes les dimensions de la malnutrition et parfois, manquent de précision sur ce qu’ils essayent de réaliser. De même, d’importantes réglementations telle que, par exemple, celle portant sur la vente aux enfants d’aliments et de boissons non alcoolisées, n’ont pas été approuvées ou mises en oeuvre. Enfin, dans certains pays, d’importantes lacunes subsistent dans les données disponibles, qu’il faudrait combler de toute urgence afin de pouvoir mieux informer la prise de décision.
Et que nous propose le Rapport à partir de ces résultats mitigés pour pouvoir aller de l’avant de façon plus effective ?
-Il souligne l’importance cruciale de l’engagement politique et de son respect, en illustrant son propos par les succès remportés dans des pays aussi variés que le Brésil, le Ghana et l’État indien du Maharashtra.
-Il pointe la nécessité d’investir davantage et mieux dans la lutte contre la malnutrition. Cela comprend notamment l’investissement dans des solutions qui ont fait leur preuve et la mise en oeuvre d’actions tous azimuts portant sur tous les aspects de la malnutrition. Il insiste également qu’il faut bien comprendre qu’une nutrition améliorée est une pré-condition et non une conséquence du développement.
-Enfin, il souligne l’importance de combler les lacunes existant dans les données.
En lisant ce Rapport, on ne peut pas s’empêcher de ressentir un certain malaise. Il donne une image vraisemblable de la situation mondiale actuelle et tente d’en donner une explication convaincante. Mais le malaise ressenti provient probablement de ce qu’il ne semble pas aller suffisamment profondément dans ses explications de la lenteur des progrès réalisés. Comment se fait-il, étant donnés l’importance de la question, le coût en terme d’argent mais aussi en souffrance humaine, que des solutions rapides n’y soient pas apportées, alors que, selon le Rapport, ce qui devrait être fait est bien connu ? Comment se fait-il que les dirigeants politiques et la population dans son ensemble ne sont par réellement mobilisés pour combattre un fléau qui affecte 30% d’entre nous, riches ou pauvres, faibles ou puissants ?
En lisant ce Rapport, on se dit qu’il se peut qu’il soit important de combler les lacunes existant dans les données, mais ce qui est aussi absolument nécessaire c’est de mieux comprendre pourquoi la juste cause de la lutte contre la malnutrition n’est pas devenue une priorité absolue pour tous, et ce qu’il faut faire pour qu’elle le devienne enfin.
Voilà la source de notre malaise : en finir avec la malnutrition n’est pas simplement une question technique de programmes et d’argent, c’est un problème politique et social et, malheureusement le Rapport ne nous dit pratiquement rien sur cet aspect.
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Pour en savoir davantage
-Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI), Rapport sur la nutrition mondiale - Des promesses aux impacts - Éliminer la malnutrition d’ici 2030, 2016
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Dernière actualisation: août 2016