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12 juillet 2013



Le dernier rapport conjoint de la FAO et de l’OCDE sur les perspectives agricoles présente un avenir inquiétant qui ne pourra être évité que si des mesures radicales sont prises


Le dernier rapport conjoint de la FAO et de l’OCDE sur les perspectives agricoles qui vient d’être publié montre un certain nombre d’évolutions qui ne laissent pas d’inquiéter.


Ainsi, en se fondant sur l’hypothèse d’une croissance mondiale en légère accélération surtout dans les pays non industrialisés et d’un renchérissement du coût de l’énergie et notamment du pétrole, et en tablant sur une relative stabilité des politiques agricoles, les analystes de ces deux organisations internationales estiment que le scénario le plus plausible pour l’agriculture mondiale se caractériserait par:


  1. Un accroissement de la demande alimentaire dans les pays non industrialisés

  2. Une continuation du ralentissement de la croissance de la production agricole (1,5% par an pour la décennie à venir, comparé à 2,1% au cours de la décennie précédente)

  3. Un maintien probable des prix mondiaux agricoles à un niveau élevé mais moindre que celui des pics observés au cours de dernières années et dans un contexte instable et incertain

  4. Un rapide accroissement de la production d’agrocarburants (éthanol mais surtout biodiesel) avec pour conséquence la possibilité que la production d’agrocarburant consomme 28% de la production de canne à sucre, 15% des huiles végétales et 12% des céréales secondaires à l’horizon 2022

  5. La poursuite de la croissance de la demande en produits animaux (viande et lait) provenant surtout d’une augmentation dans les pays non industrialisés

  6. Une stagnation de la production provenant de la pêche, mais une forte augmentation de la production venant de l’aquaculture (+35% en dix ans).


Projection de la répartition par pays de la production de biodiesel et d’éthanol en 2022



Source: FAO/OCDE


Malgré ces perspectives préoccupantes, le rapport cherche à donner une image rassurante de l’avenir. Ainsi, bien qu’il annonce une augmentation de la demande et un ralentissement de la croissance de la production, et qu’il reconnait que la faiblesse des stocks pourra entrainer une instabilité dans les marchés agricoles, le rapport estime qu’on peut s’attendre à un «maintien probable à un niveau élevé des prix» qui pourtant ne parait guère compatible avec les hypothèses faites.


Il parait en effet plus probable que si les tendances observées s’avèrent dans les dix ans à venir, cela entrainera nécessairement d’autres crises alimentaires d’un niveau au moins aussi dramatique que celle de 2008. S’il reconnaissait cette éventualité fort probable, le rapport devrait alors s’engager dans le domaine des politiques agricoles, qu’il effleure à peine en faisant l’hypothèses qu’elles resteront globalement inchangées.


Tirer les conséquences du scénario développé par les experts des deux organisations reviendrait à remettre en cause:


  1. Le modèle de consommation alimentaire dominant, caractérisé par une forte augmentation, avec l’amélioration des revenus, de la consommation de produits animaux qui contribuent fortement à la dégradation des ressources naturelles et représentent déjà aujourd’hui l’essentiel des gaz à effets de serre émis par l’agriculture

  2. La technologie agricole «conventionnelle» fondée sur l’utilisation d’engrais, de pesticides, de semences améliorées et d’énergie, dont la productivité a atteint un pallier, dont les effets sur l’environnement et la santé humaine sont désastreux et qui est inadaptée aux conditions de la grande majorité des petits producteurs vivant dans les pays non industrialisés et dont beaucoup se trouvent en situation d’exclusion et de sous alimentation chronique

  3. Les politiques agricoles en place qui favorisent la production «conventionnelle» par les soutiens qui sont apportés en termes de subventions, notamment dans les pays industrialisés, et qui subventionnent fortement la production d’agrocarburants qui dans sa grande majorité serait autrement non rentable.


Autant de conséquences qui sont loin de faire consensus entre la FAO et l’OCDE.

 

Dernière actualisation:    juillet 2013

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