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10 mai 2018


Le bien-être animal : une cause qui progresse grâce à l’engagement de la société civile


Navires de la mort où des milliers de moutons s’entassent et meurent étouffés en route vers une mort lointaine, porcheries et poulaillers où des dizaines de milliers - voire des centaines de milliers d’animaux - vivent les uns sur les autres sans jamais voir la lumière du jour, condamnés à lutter avec férocité contre leurs congénères dans le vain espoir d’augmenter leur espace vital, couloirs de la mort menant vers des chambres d’exécution où les animaux se font découper, souvent vivants, milliers de bovins pataugeant dans la boue puante des parcs d’engraissement couvrant l’espace jusqu’à l’horizon… Innombrables sont les exemples de la violence de la condition animale dans notre système alimentaire industriel…, sans oublier le traitement infligé aux animaux de laboratoire et à certains animaux de compagnie - surtout les NAC (nouveaux animaux de compagnie).




Dernier en date d’une longue série, il y a quelques semaines seulement, éclatait le scandale de la viande en Espagne suite à un reportage filmé dans une unité de production alimentant le géant espagnol de la viande El Pozo, et qui montre le spectacle insoutenable d’animaux malades couverts d’ulcères et souffrant de hernies et d’abcès, vivant au milieu des cadavres à moitié cannibalisés de leurs congénères, destinés à servir de matière première pour la fabrication de célèbres saucisses… Peut-on encore s’étonner que la réaction de El Pozo, face à ces images fût d’attaquer le journaliste de manipulation d’images ?  [lire en anglais]


La souffrance animale paraît infinie dans un monde qui pourtant prend conscience, comme en France - enfin ! - que les animaux sont doués de sensibilité, c’est-à-dire qu’ils sont capables de ressentir du plaisir, de la souffrance et, plus largement, des émotions. Mais, malgré cette reconnaissance, la loi continue de les traiter comme des biens [lire l'article du code civil de 2015], et les lois spécifiques qui tentent d’organiser leur protection datent de 1976 !


Pourtant, les animaux sont-ils si différents de nous pour les traiter comme nous les traitons ? Pour en juger, il suffit de constater comme les vaches gambadent et font des ruades de joie quand, le printemps venu, on les sort de la stabulation pour les mener au pâturage, ou de constater le plaisir qu’elles manifestent en retrouvant quelqu’un qu’elles connaissent bien mais qu’elles n’ont pas vu depuis quelque temps, venant près de lui en pour le lécher et se laisser caresser… Il suffit de prendre le temps de les observer pour détecter le caractère de chacun des membres du troupeau, les leaders et les suiveuses, les rebelles et les douces, les aventurières et les timides…


D’après CIWF France, « 75 milliards d'animaux sont élevés chaque année dans le monde pour notre alimentation. En Europe, plus de 80% sont issus d’élevages intensifs, dits industriels : animaux génétiquement sélectionnés pour une productivité optimale, confinés dans des bâtiments surpeuplés, sans pouvoir exprimer les comportements propres à leur espèce. » Ces animaux sont considérés comme « une matière première » pour l’industrie agroalimentaire.


Pourtant, dès 1992, le Farm Animal Welfare Committee britannique avait énoncé Cinq Libertés pour le bien-être animal qui sont reflétées dans l’Animal Welfare Act 2006 du Royaume Uni et qui s’appliquent à tous les animaux :

  1. 1.Ne pas souffrir de la faim ou de la soif ;

  2. 2.Ne pas souffrir d’inconfort ;

  3. 3.Ne pas souffrir de douleurs, de blessures ou de maladies ;

  4. 4.Pouvoir exprimer les comportements naturels propres à l’espèce ; et

  5. 5.Ne pas éprouver de peur ou de détresse.


Ces principes servent de référence au niveau international dans la définition du bien-être animal par l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et aux règles de l’Union européenne.


Mais l’actualité nous montre que nous sommes loin du compte et que nous ne respectons guère le monde animal pourtant si proche de nous. Il suffit d’observer le comportement des animaux ou de prendre connaissance de ce qui est commun entre notre ADN et celui de certains animaux : saviez-vous que nous « partageons » environ 80% de notre ADN avec les bovins [lire en anglais] et plus de 95% avec le chimpanzé.


Il reste donc beaucoup à faire et de nombreuses organisations de la Société civile s’activent dans ce domaine comme, par exemple :


  1. le CWIF France sur la réglementation de l’utilisation de cages, du transport, de l’abattage, des conditions de vie des animaux, notamment [lire] ;

  2. L’association L214, célèbre pour ces vidéos sur l’abattage mais qui travaille également à la promotion du véganisme, lutte contre les cages, le gavage et informe sur l’impact de l’élevage sur l’environnement et la santé ;

  3. le CIV (Viande Sciences et Société) qui est une émanation de profession, informe également sur le bien–être animal [lire] notamment sur les mobilisations associatives et les « bonnes pratiques ».


Sans nécessairement militer dans les associations, nous pouvons agir et influencer la façon dont les animaux sont traités grâce à nos choix de consommation :


  1. Consommer moins ou pas de produits animaux, ce qui découragera la production animale et comporte en plus des avantages pour notre santé (il faut noter que la consommation de viande en France est en diminution régulière depuis une dizaine d’années et nettement en dessous du seuil maximum de 500g par semaine par personne recommandé par le Fonds mondial de recherche sur le cancer);

  2. Consommer des produits animaux produits dans de respect du bien-être animal, et ainsi encourager l’abandon de l’élevage industriel et favoriser son remplacement par des élevages plus respectueux des animaux : divers labels existent qui nous permettent de connaître les conditions des élevages, certains sont privés comme par exemple « Question d’étiquette ». Mais un seul est garanti par l’État qui certifie le respect du bien-être animal, c’est le label « Agriculture biologique (AB)» [lire et regarder la vidéo]. Des progrès utiles ont été faits au niveau européen au niveau de la traçabilité qui parfois permet d’avoir accès à de l’information sur les conditions de production, comme dans le cas des oeufs [lire].


Dans le cas du bien-être animal comme dans d’autres cas (par exemple la transition vers un système alimentaire plus durable), c’est une combinaison des mesures de politiques prises par les États et la volonté des consommateurs qui pourra faire évoluer les choses dans la bonne direction.


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Pour en savoir davantage :


  1. Le site internet de CIWF France.

  2. Le site internet de l’association L214.

  3. Le site internet du CIV (Viande Sciences et Société).


Sélection d’articles déjà parus sur lafaimexpliquee.org et liés à ce sujet :


  1. Les mégafermes industrielles sont-elles une solution pour nourrir le monde ?, 2018.

  2. Opinions : La menace catastrophique des antibiotiques dans notre alimentation, 2017.

  3. Quel avenir pour notre alimentation ?, 2013.

 

Pour vos commentaires et réactions: lafaimexpl@gmail.com

Dernière actualisation:    mai 2018