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1er novembre 2013


OGM: revers en Amérique Latine et espoir en Europe pour les multinationales semencières


Après que le gouvernement mexicain ait donné, au printemps 2009, l’autorisation de cultiver le maïs transgénique à la demande de certains producteurs, une décision de justice remet en cause la culture du maïs OGM au Mexique. La réglementation de 2009 stipulait que l’autorisation de cultiver du maïs OGM pouvait être donnée par le ministère de l’agriculture au cas par cas, à l’exclusion des zones dites "centres de diversité", dans lesquels poussent des variétés indigènes sauvages de maïs qui ne se trouvent que dans ces zones. [lire]


La décision prise par un juge mexicain il y a quelques jours, après des années de délibération, revient à interdire indéfiniment le maïs OGM au Mexique. Cela signifie que dès à présent, les compagnies telles que Monsanto ne pourront plus vendre leurs semences transgéniques de maïs au Mexique. La raison invoquée pour justifier cette décision est la menace que constituent les semences transgéniques sur la biodiversité agricole. Plus productives que les semences conventionnelles, les variétés OGM risquaient en effet d’éliminer à terme les variétés locales de maïs, rendant par la même la production de maïs plus vulnérable aux maladies futures et au changement climatique. La décision satisfait les organisations de la société civile, tout particulièrement l’UNORCA (Union nationale des organisations paysannes régionales autonomes) qui avaient organisé une intense campagne anti-OGM dans le pays depuis janvier dernier. [lire]




Rappelons que le maïs est originaire du Mexique et est le résultat d’une sélection millénaire effectuée par les agriculteurs mexicains sur le téosinte. Notons aussi que, depuis l’entrée en vigueur de l’Accord de libre échange nord américain (ALENA) en 1994 entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique, les importations mexicaines de maïs (essentiellement transgénique) en provenance des Etats-Unis ont plus que quintuplé en valeur entre 1995 et 2012, rendant le pays de plus en plus dépendant sur son grand voisin du nord pour un produit qui constitue l’aliment de base de sa population.


Cette décision mexicaine est un nouvel échec pour les compagnies semencières qui cherchent à développer les OGM dans le monde. Elle vient en effet après qu’un rapport, il y a à peine quelques semaines, démontrait que les cultures d’OGM au Brésil (deuxième producteur mondial d’OGM après les Etats-Unis) étaient illégales [lire] alors que EMBRAPA, l’organisme autonome chargé de la recherche agronomique cherche à mettre sur le marché un haricot OGM résistant au virus de la mosaïque dorée. Il sera intéressant de voir quelle sera la réaction des compagnies semencières à la décision mexicaine, dans la mesure où une des dispositions de l’ALENA stipule que les investisseurs d'un pays signataire de l’accord pourront porter plainte contre un Etat lorsque sa législation (ex. une réglementation environnementale ou sanitaire) entrave leur activité et de lui réclamer des indemnités financières importantes.


Pendant qu’elles essuient des revers en Amérique Latine, les compagnies semencières ont de nouveaux espoirs en Europe. On vient en effet d’apprendre il y a quelques jours que, après avoir approuvé il y a déjà quelques années la culture du maïs MON810 de Monsanto, la Commission européenne s’apprêterait à approuver un deuxième maïs transgénique proposé par Pionner, la filiale du deuxième groupe semencier mondial l’américain DuPont. Il s’agit du maïs TC1507 résistant au glufosinate d’ammonium, un pesticide hautement toxique. [lire]


À suivre...


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Dernière actualisation:    novembre 2013

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