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18 août 2013


Les dangers des pesticides périmés reconnus par la Banque mondiale: qu’en est-il de ceux des pesticides utilisés et qui se retrouvent diffus dans notre environnement?


En ce mois d’août, la Banque mondiale a fait une série de Tweet mettant en avant l’appui qu’elle apporte à l’élimination de vieux stocks de pesticides en Afrique, tout en soulignant les dangers que représentent ces masses de produits chimiques hautement toxiques pour la population et l’environnement.


Voilà bien des années que la FAO met en oeuvre un programme d’élimination de tels vieux stocks et met en garde contre l’utilisation des conteneurs dans lesquels les pesticides ont été transportés avant leur utilisation. Il n’est en effet pas rare que de tels conteneurs soient utilisés pour stocker de l’eau ou de la nourriture.


Sur sa page web traitant du sujet, la FAO souligne que les pesticides peuvent, avec le temps, se dégrader pour donner naissance à des produits chimiques encore plus dangereux que le produit d’origine. Elle informe également que l’OMS estime à 3 millions le nombre de personnes qui chaque année se trouvent empoisonnées par des pesticides: «Les symptômes d'un tel empoisonnement comprennent l'engourdissement ou la faiblesse des bras, jambes, pieds ou mains, léthargie et pertes de mémoire et de concentration et anxiété. Une exposition aux pesticides peut affecter le système reproductif, causant infertilité, fausses couches, avortements spontanés et morts fœtales. De nombreux pesticides sont également reconnus comme cause de cancers. L'impact sur la santé et l'environnement dépend autant du type de pesticide que du niveau de l'exposition».


Du point de vue des responsabilité, la même page web souligne que «Les gouvernements des pays en développement, fabricants et distributeurs de pesticides, organisations multinationales, et agences d'aide ont tous contribué d'une manière ou d'une autre à l'accumulation d'énormes stocks de pesticides périmés».


Ce qui ne laisse pas d’étonner c’est que des grandes organisations internationales se mobilisent pour l’élimination des pesticides périmés sans dire un mot de ce qui se passe avec les millions de tonnes de pesticides qui ont été déversées, et continuent à être déversées dans l’environnement avec leur soutien et qui s’y dégradent tranquillement à l’abris des regards.


Or ces masses énormes, bien des fois plus grandes que les stocks de pesticides périmés (voir ci-dessous) qui sont concentrés dans un endroit précis et donc plus facilement éliminés, se trouvent partout dans notre environnement, surtout dans les pays du Nord où ils ont été utilisés intensivement depuis des décennies, mais aussi de plus en plus dans les pays du Sud. Rappelons que la France reste le premier consommateur de pesticides en Europe (troisième au monde derrière les Etats-Unis et le Japon) et que la consommation française a encore augmenté en 2011 de 2,5% pour atteindre 62,700 tonnes (soit près d’un kilogramme de pesticides hautement toxiques par français!). Cette utilisation se fait en grande partie par les agriculteurs, mais également par les ménages (anti-moustique, traitement anti-puces et anti-tiques pour les animaux de compagnie, etc.). [lire]


On le sait à présent, ces produits, plus ou moins dégradés, se trouvent dans nos sols, nos nappes souterraines et jusque dans les endroits les plus inattendus. Leur effet sur notre santé n’est plus à prouver [lire Pesticides : Effets sur la santé, une expertise collective de l’INSERM]


Il est grand temps que les gouvernements, les organisations internationales, les organisations de producteurs (qui sont les premiers concernés) se mobilisent contre l’utilisation généralisée des pesticides et que celle-ci soit purement et simplement interdite la remplaçant par des moyens autres que chimiques pour protéger les plantes dont il s’agit de renforcer la promotion et sur lesquels la recherche devraient être intensifiée. L’utilité est bien limitée si d’un côté, comme le fait la FAO et un nombre croissant d’Etats, on fait la promotion de la lutte intégrée, tout en continuant à promulguer l’utilisation de pesticides chimiques de synthèse dangereux!


Il faut aussi cesser d’un côté de parler des dangers que représentent les quelques 300 000 tonnes de stocks de pesticides périmés (voir tableau) et de l’autre faire l’impasse sur ceux, certes plus diffus mais plus généralisés, que constituent les masses énormes et en constant accroissement de pesticides se trouvant dans notre environnement. A titre de comparaison, la FAO estime qu’annuellement, plus de 140 000 tonnes de pesticides ont été utilisées en 2010 (plus de 300 000 tonnes par an entre 1990 et 2007!).



Stock de pesticides périmés dans certaines régions du monde

(en tonnes)


                         Afrique                                        27 400   

                         Asie                                              6 400

                         Amérique Latine et Caraïbes     11 300

                         Europe de l’Est                         241 000

                         Moyen Orient                                4 500

                         Total                                         290 600


Lire aussi:

Banque mondiale: Stocks de pesticides périmés : un héritage indésirable pour l’environnement africain

Dernière actualisation:    août 2013

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