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Attention aux régimes alimentaires très riches en graisses !*
par Wan Manan Muda et Jomo Kwame Sundaram**
Vingt ans après le début du XXIe siècle, trop de gens associent encore le « surpoids » à la prospérité, à la santé et au bien-être, principalement parce que pendant longtemps, être mince a été synonyme de maigreur résultant de la faim, de la sous-alimentation et de la malnutrition.
Le surpoids et l’obésité peuvent facilement être évalués à l’aide de mesures anthropométriques, y compris l’indice de masse corporelle (IMC)*** et la circonférence de la taille. Cependant, les seuils d’IMC pour le surpoids et l’obésité peuvent varier selon le groupe ethnique ou le pays.
Le seuil standard de l’IMC défini par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour déterminer le surpoids est de 25 ; il est de 30 pour l’obésité. Ces seuils sont des indicateurs d’un pourcentage anormal de présence de gras dans le corps, qu’il soit généralisé ou localisé [lire].
La pandémie d’obésité
En 2014, le McKinsey Global Institute estimait à 2,1 milliards le nombre de personnes en surpoids, y compris les obèses, soit alors près de 30 % de la population mondiale. Le fardeau économique qui en découlait était alors estimé à plus de 2 000 milliards de dollars, soit près du tiers du coût des conflits civil et du tabagisme [lire en anglais].
En 2016, on estimait que 1 970 millions d’adultes et plus de 338 millions d’enfants et d’adolescents pouvaient être catégorisés comme en surpoids ou obèses. C’était là une conséquence de l’augmentation rapide du surpoids et de l’obésité au cours des dernières décennies.
La même année on estimait à 6 % le nombre d’enfants de moins de 5 ans en état de surpoids, comparé à seulement 5,3 % en 2005. De même, la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les adultes augmenta de 27 % entre 1980 et 2013.
La situation dans beaucoup de pays en développement à revenu moyen est particulièrement grave dans la mesure où des revenus plus élevés et une consommation alimentaire plus importante ont contribué à réduire la prévalence de la faim en faisant empirer d’autres formes de malnutrition, y compris « la faim cachée » due à des carences en micronutriments. De ce fait, la situation sanitaire d’une grande partie de la population représente un coût élevé qui absorbe une part des revenus des familles et des pays.
Le rôle du cerveau
L’obésité est typiquement due à des déséquilibres en nutriments où la nourriture ingérée est stockée sous forme de gras au lieu d’être utilisée pour l’énergie qu’elle contient et pour le métabolisme. Des faits épidémiologiques font penser que des régimes alimentaires riches en graisses et en glucides contribuent à l’obésité et qu’il y a une relation entre les matières grasses consommées et le degré d’obésité.
Bien qu’on soit proche d’un consensus sur le fait qu’un régime alimentaire malsain aggrave l’obésité et l’état de santé, les connaissances sur l’impact qu’a ce type de régime sur les modifications neurologiques du cerveau sont plus limitées. Une recherche récente a trouvé que des régimes riches en graisses - particulièrement ceux avec à la fois beaucoup de graisses et de glucides - contribuent à l’apparition d’irrégularités dans les parties du cerveau régulant le poids corporel.
Une étude récente a trouvé que des régimes riches en graisses stimulent des phénomènes d’inflammation dans le cerveau des souris, ce qui produit des changements physiques dans les cellules concernées et encourage les souris à manger davantage et à devenir obèses. Comme cette évolution du comportement se produit avant que le corps ne montre des signes d’obésité ou de changement du poids corporel, cela signifie que des régimes riches en graisses poussent le cerveau à vouloir manger davantage.
Il est ainsi possible que des régimes gras n’influencent pas simplement les humains du point de vue physique, mais qu’ils altèrent également la consommation alimentaire par l’intermédiaire d’un processus neurologique. On peut en déduire que la disponibilité facile de nourriture riche en graisses et en glucides a un effet négatif, dans la mesure où elle encourage une consommation alimentaire accrue.
Menaces sanitaires
De nombreux facteurs contribuent à l’obésité, notamment le mode de vie, le régime alimentaire, le contexte génétique individuel ainsi que la flore microbienne intestinale. En plus des régimes riches en graisses et glucides, l’activité du système immunitaire peut, elle aussi, contribuer à l’obésité, bien que les détails du mécanisme en cause restent mal compris.
La présence d’un grand nombre de cellules grasses change la composition génétique de la flore microbienne présente dans le corps, ce qui cause une réaction négative du corps. Ainsi, l’obésité a été étroitement liée à diverses maladies chroniques, notamment les maladies cardiovasculaires, le diabète et d’autres désordres métaboliques, ce qui est préoccupant.
Une recherche récente éclaire également comment elle agit sur diverses maladies du cerveau, notamment la maladie d’Alzheimer, un désordre neurologique associé avec des modifications des cellules du cerveau et qui est plus fréquent chez les obèses.
De telles preuves se multiplient. Par conséquent, les régimes riches en graisses ont non seulement contribué au développement de la pandémie de surpoids et d’obésité, mais ils pourraient également causer des dégâts au niveau du cerveau et de son fonctionnement.
Mieux vaut prévenir que guérir
L’évolution des régimes alimentaires, de la consommation alimentaire et du comportement humain ont tous contribué à la transition nutritionnelle et à la pandémie d’obésité.
Tandis que le monde en développement progresse lentement dans sa lutte contre la faim ou la sous-alimentation énergétique, il est nécessaire d’en faire davantage pour éduquer le public sur les problèmes de malnutrition autre que le déficit en macronutriments.
Les déficits en micronutriments, ou « faim cachée », ainsi que les maladies non transmissibles liées au régime alimentaire, doivent eux aussi être traités.
On observe que déjà, du fait principalement de l’évolution des régimes alimentaires et de comportement, les maladies associées au surpoids et à l’obésité se sont répandues rapidement pour atteindre une dimension pandémique au cours des dernières décennies.
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Les auteurs ont récemment publié « Traiter la malnutrition en Malaisie » disponible en anglais à : www.krinstitute.org
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*Publié initialement sur Interpress Service, le 8 octobre 2019 sous le titre « Beware High-Fat Diets » http://www.ipsnews.net/2019/10/beware-high-fat-diets/.
** Jomo Kwame Sundaram, ancien professeur d’économie, a été Assistant Secrétaire Général des Nations Unies pour le développement économique, Assistant Directeur Général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et a reçu le Prix Wassily Leontief pour avoir fait avancer les frontières de la pensée économique en 2007.
*** L’IMC est calculé en divisant le poids de la personne (en kilogrammes) par le carré de sa taille (en mètres)..
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Dernière actualisation: octobre 2019
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