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15 juillet 2016



Terrorisme, faim, migrations : Pourquoi sommes nous incapables de nous attaquer aux causes profondes des problèmes auxquels nous faisons face ?


Hier 84 personnes ont été tuées à Nice alors qu’elles célébraient le 227e anniversaire de la Révolution française. L’attaque d’hier soir fait suite à une série d’attaques terroristes qui ont frappé la France au cours des 18 derniers mois.




En écoutant, ce matin, les réaction des leaders politiques et des experts, on ne peut que ressentir un sentiment de désespoir.


Le Président francais propose de prolonger l’état d’urgence pour une période supplémentaire de trois mois, comme si cela pouvait empêcher de futures attaques. Si cet état d’urgence était utile, il aurait dû être suffisant pour rendre l’attentat d’hier soir impossible. Il envisage également de mobiliser plus de forces de sécurité, alors que l’on nous a dit depuis des mois que nous étions en niveau de sécurité maximal et que tous les moyens ont été mobilisés pour assurer la sécurité de la population. Et il est probable que de nouvelles mesures législatives viendront s’ajouter à celles déjà existantes qui ont fait la preuve de leur inefficacité pour protéger nos compatriotes et alors que tout le monde sait que le « risque zéro » n’existe pas.


D’autres « responsables » (?) politiques veulent garder tous les suspects dans des camps spéciaux, une proposition qui nous ramène aux pires moments du siècle dernier. Les « experts » nous parlent de la possibilité de bloquer nos rues avec des énormes blocs de bétons pour empêcher les camions de les utiliser (?) et de mettre en place des sas de sécurité à l’entrée de tous nos bâtiments publics.


Nice est connue pour être à l’avant-garde des mesures de sécurité en France : des centaines de caméras dans les rues, les logiciels utilisant des algorithmes pour analyser le comportement des passants dans la rue et de reconnaissance faciale. A quoi tout cela a-t-il servi hier soir ?


Toutes les « solutions » en place ou proposées ont peu de chance d’empêcher une attaque telle que celle d’hier soir… Alors, cherchez l’erreur ?


Pour lutter contre le terrorisme, comme pour combattre la faim, nous avons la regrettable tendance à traiter les symptômes plutôt que les causes fondamentales des problèmes auxquels nous faisons face, et nous gaspillons nos ressources pour faire des choses inutiles qui parfois créent plus de tort que de bien, au lieu de mobiliser nos énergies pour travailler sur les causes réelles des problèmes que nous devons résoudre.


Pourquoi ? La raison principale en est que nos dirigeants se sentent obligés de faire quelque chose qui semble avoir un impact immédiat, afin de ne pas être accusés d’être inactifs et, finalement, responsables de ce qui s’est passé. Aussi, il faut qu’ils puissent montrer qu’ils utilisent la dernière des technologies « modernes » pour agir. Ainsi le court terme et la technologie sont les mots magiques qui caractérisent au mieux ce qu’ils font.


Mais comment se fait-il qu’ils ne demandent pas d’études sérieuses pour comprendre ce qui a fait que certains de nos compatriotes ont pu changer et finalement devenir des meurtriers de masse ? Pourquoi ne mènent-ils pas le combat contres les causes idéologiques et sociales qui peuvent expliquer ce qui se passe ? Pourquoi n’empêchent-ils pas les extrémistes de disséminer leurs idées et de recruter sur la Toile ? Pourquoi certains réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.) sont-ils plus efficaces dans la lutte contre la nudité que contre les racismes, la haine et l’extrémisme ?


Au bout du compte, le résultat est que davantage de ressources rares sont mobilisées qui produisent des résultats apparents (plus de police, plus de caméras, plus d’infrastructure « protectives »), mais ils ne réduisent pas vraiment les risques (les attaques terroristes continuent) et les mesures mises en place peuvent créer de nouveaux problèmes (miner notre démocratie et notre liberté, affaiblir nos force de sécurité en les surmenant, etc.).


Il y a un parallèle saisissant entre la façon dont nous nous attaquons au terrorisme et la façon dont nous combattons la faim ou les migrations. Il y a quelque jours, la Banque africaine de développement publiait un rapport sur ce que devrait être la stratégie de développement de l’agriculture en Afrique, avec comme objectif déclaré de réduire la faim sur le continent [lire notre article]. Et que propose-t-il ce rapport ? Produire davantage, comme si plus de production était la solution à la question de la faim [lire], alors que les engrais et les pesticides contribuent à dégrader le sol, minant ainsi la durabilité du système alimentaire, notre santé et notre environnement [lire]. Des solutions à court terme qui peuvent éventuellement montrer quelques résultats (plus de production) mais qui ne s’attaquent pas au vrai problème (la faim) et qui en créent d’autres (pollution, maladies, perte de biodiversité, etc.)


Quand y aura-t-il des personnalités politiques véritablement responsables qui auront le courage d’être francs et de nous dire qu’il faut du temps pour résoudre les problèmes et que nous devrons auparavant faire des efforts coûteux et sur le long terme pour nous attaquer aux causes profondes de nos problèmes et que nous devons être patients avant de voir des résultats durables ?


Je regarde autour de moi, mais je ne vois aucune tête émerger. Je vois des visages les yeux rivés sur la pointe de leurs chaussures…


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Lire aussi:


  1. -Clôtures, murs, aide et commerce équitable: pour réfléchir sur les migrations internationales, juin 2016

  2. -La nouvelle stratégie agricole de la Banque africaine de développement : pour une agriculture pseudo-moderne non durable, d’exclusion, au bénéfice d’une minorité, juin 2016



 

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Dernière actualisation:    juillet 2016