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10 mai 2013



Le «Blending»: formule magique pour mobiliser plus de ressources pour le développement ou subvention à l’endettement?


Nouveau maître mot à la mode dans les milieux européens de coopération internationale, le «blending» est devenu la formule magique qui doit permettre à l’Union Européenne de continuer à financer des grands investissements au Sud en période de disette financière.


De quoi s’agit-il? Le «blending» c’est l’utilisation de dons pour mobiliser des financements publics ou privés pour des projets de développement. Pour un projet donné, la Commission Européenne apporte un certain montant en dons et attire ainsi des fonds fournis sous forme de prêt ou de participation provenant de sources publiques ou privées. Les dons européens peuvent servir soit de subvention à l’investissement, de subvention sur le taux d’intérêt, d’assistance technique, de capital risque ou de garantie. Cette formule constitue une réponse à une situation où les besoins de financement sont colossaux et les fonds publics sont contraints par les politiques budgétaires des Etats et de la Commission Européenne.


Le «blending» n’est pas une pratiques nouvelle, puisque l’Union Européenne avait créé des facilités régionales de «blending» dès 2007 pour l’Afrique, pour les pays faisant partie du Voisinage Européen, pour l’Amérique Latine et pour l’Asie Centrale. Dès lors, l’Union a investi environ 760 millions d’euros de dons dans 115 projets et a ainsi mobilisé 26 milliards d’euros, dont 10 milliards provenant d’institutions financières européennes. Avec la création en 2012 de nouvelles facilités pour l’Asie, les Caraïbes et le Pacifique, l’ensemble du monde est à présent couvert.


Pour développer ce type de montage, l’Union Européenne a créé en décembre 2012 une «plateforme pour le blending en coopération». Cette plateforme est établie pour faciliter de nouvelles opération de «blending» et la coopération entre les différentes parties prenantes.


Les avantages avancés pour le «blending» sont:

  1. -Il permet, à partir de fonds de coopération limités, de mobiliser d’importants montants provenant de diverses sources (Institutions financières européennes ou nationales, fonds de pension, capitaux à risque, autres sources de financement privées ou publiques européennes ou non...) pour réaliser de grands projets d’infrastructure qui ne pourraient être financés par un seul donateur

  2. -Il permet de regrouper les financements, notamment ceux provenant de l’Union Européenne et de ses pays membres ce qui permet et de simplifier les procédures pour réduire les coûts de transaction relatifs au financement du développement

  3. -Il permet d’associer le pays bénéficiaire au financement de l’investissement, ce qui contribue à son appropriation de l’investissement effectué.


Les inconvénients du «blending» sont:

  1. -Il va défavoriser les programmes sociaux, d’éducation ou de santé qui sont moins attrayants pour les investissements privés, Cette crainte est justifiée puisque les chiffres publiés par la Commission montrent que le «blending» a servi depuis 2007 à financer principalement des investissements dans le domaine du transport (37%), de l’énergie (33%) et de l’eau (16%), et très peu les programmes sociaux (3%)

  2. -Il risque aussi de favoriser les pays les plus dynamiques au détriment des pays moins avancés, moins attrayants

  3. -Le risque de sur-endettement des pays bénéficiaires, puisqu’ils devront rembourser le capital ainsi mobilisé dont l’emprunt est rendu plus attrayant par l’octroi de dons

  4. -Il risque d’entrainer une stagnation, voire une diminution des fonds d’aide publique sous forme de dons qui sont absolument indispensables pour les programmes sociaux, l’appui au développement des petits producteurs, l’appui aux réformes de politique, etc.


L’Union Européenne semble donc adopter le même type de stratégie que la Banque mondiale qui appelait en janvier dernier à attirer les fonds privés, et notamment les fonds de pensions et autres investisseurs privés pour financer des investissements en Afrique. [lire]


Rien d’étonnant à cela, car c’est là une approche assez semblable à ce que l’Union Européenne a fait chez elle, à savoir, de remplacer le financement de la dette publique par des institutions publiques (Banques centrales nationales auparavant et européenne à présent) par des financements privés qui pourtant appliquent des taux d’intérêt plus élevés ce qui entraine un gonflement du service de la dette...


Pour en savoir plus :

  1. -les pour et les contre du «blending»

- des vidéos expliquant ce qu’est le «blending»

- les risques du «blending»

 

Dernière actualisation:   mai 2013

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