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30 avril 2013
Souvent cité en exemple pour sa politique de soutien à l’agriculture, le Malawi connait une importante pénurie de maïs
Après 6 ans de récolte record de maïs, la nourriture de base de la population, le Malawi se retrouve en situation de crise alimentaire aiguë.
Après une interruption d’un peu plus d’une dizaine d’années, due à des problèmes budgétaires et à la mise en oeuvre des programmes d’ajustement structurel, le Malawi avait renoué sous diverses formes avec sa politique de soutien à l’agriculture vers la fin des années 90, et notamment en soutenant la production de maïs. Ce soutien s’est fait tout d’abord sous la forme d’un programme, le «Starter Pack» qui a consisté à organiser une distribution générale de paquets d’intrants (semences hybrides traitées et engrais) à tous les ménages, puis seulement à un public ciblé limité aux petits producteurs lors des années de sécheresse et de crise alimentaire de la première moitié des années 2000, puis enfin, à partir de 2006, par la mise en oeuvre d’un grand programme de subvention des engrais dont le coût était de l’ordre de 300 millions de dollars en 2008/2009 (le Malawi avait alors une population totale d’environ 15 millions d’habitants).
Le Malawi se caractérise par une agriculture de micro-exploitations (80% des exploitations cultivent moins d’un hectare) basée sur la production de maïs, avec historiquement peu d’apport d’engrais qu’il soit organique ou minéral, ce qui a entrainé un appauvrissement des sols et une baisse tendancielle des rendements.
Vers la fin du siècle dernier, près des 2/3 des exploitations ne produisaient pas assez de maïs pour se nourrir. C’est ce qui avait amené le gouvernement à prendre des mesures radicales de soutien à la production en faisant la promotion de l’utilisation d’engrais minéraux, mais aussi à libéraliser la production de tabac en vue d’autoriser les petits producteurs à se lancer dans cette production avec l’espoir de pouvoir acheter de la nourriture à partir des recettes de la vente de tabac. Pourtant, d’autres solutions auraient pu être envisagées, moins coûteuses et plus durables, tel que l’agroforesterie (les recherches menées par l’ICRAF sur l’association Gliricidia Septum et maïs avaient montré des résultats prometteurs et durables) et la production organique soutenue notamment par la Malawi Organic Growers Association (MOGA).
Les statistiques montrent que si l’on compare la période 2006-2011 avec celle de 2000-2005, la production de maïs au Malawi a augmenté de plus de 80%, dont plus de 73% par l’augmentation du rendement (voir graphe).
Maïs au Malawi: évolution de la production et de la superficie
Source: FAOSTAT
Pendant cette période, l’impact sur la situation alimentarie a été spectaculaire, le nombre de personnes nécessitant une assistance alimentaire chutant de 4,5 millions en 2004 à 150.000 en 2009.
La situation observée en 2012/13 montre cependant la fragilité des résultats de la stratégie adoptée par le Malawi. Il aura suffit de deux années plus sèches, d’une chute de la production de maïs de 7% en 2011/12 et de la perte de 30.000 tonnes de stocks alimentaires pour que les prix du maïs flambent et qu’environ 2 millions de personnes se retrouvent en situation nécessitant une assistance alimentaire.
Le gouvernement est résolument optimiste et pense que la prochaine récolte sera bien meilleure, du fait de conditions climatiques favorables. Mais ne serait-il pas temps de songer à adopter une stratégie visant à adopter des techniques de production nécessitant moins de soutien budgétaire et qui soient moins vulnérables aux variations climatiques que celles basées sur l’utilisation d’engrais chimiques?
De quoi nourrir aussi la réflexion des nombreux pays en Afrique et ailleurs qui se réfèrent à l’exemple du Malawi...
Pour en savoir plus:
- Dorward, Chirwa, et Jayne, The Malawi Agricultural Inputs Subsidy Programme, 2005/6 to 2008/9
- Malawi: Maize Shortage Hits Women sur allAfrica
Dernière actualisation: avril 2013
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