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Dernière actualisation: décembre 2012
14 décembre 2012
Agriculture bio ou agriculture «bioindustrielle»?
L’agriculture bio telle que définie en 1972 par la Fédération des mouvements d’agriculture biologique (IFOAM) qui fêtait ses 40 ans en novembre dernier, est mise à mal par sa récupération par l’agriculture industrielle. La charte de l’IFOAM définissait en effet l’agriculture biologique sur la base de principes agronomiques, écologiques, sociaux et politiques très contraignant où l’on parlait de solidarité, de prix équitable, de fermes de taille modeste, menant une production diversifiée, vendant sur des marchés de proximité...
Or, comme le démontre le livre récent d’un groupe de journalistes dirigé par Philippe Baqué, l’agriculture biologique a pris un chemin tout autre (Philippe Baqué,dir., La bio entre business et projet de société, Contre-feux, Agone, 2012, 428 p.). Il affirme en effet que sur les 40 millions d’ha certifiés bio, les 2/3 sont des pâturages ou appartiennent à des grandes exploitations de monoculture de soja, huile de palme, blé ou quinoa. Une agriculture biologique s’est développée au Sud, en Amérique Latine, en Asie et en Afrique au détriment des producteurs locaux qui sont pris dans des contrats de production rigoureux, s’ils ne sont pas chassés de leur terre. Cette agriculture bioindustrielle y produit essentiellement pour l’exportation vers les pays du Nord, où la mode du bio s’est étendue aux classes moyennes et la vente des produits bio se fait maintenant de plus en plus dans les grandes surfaces.
La loi européenne de 2009, affirme Baqué, a été taillée sur mesure pour cette nouvelle forme d’agriculture bioindustrielle, car elle n’intègre que des critères purement agronomiques et techniques. En Europe, la part des producteurs indépendants vendant directement aux consommateurs au travers des AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) dans la production bio se réduit chaque jour pour laisser la place à une production par des agriculteurs sous contrat intégré avec des coopératives spécialisées liées à la grande distribution.
Cette évolution qui peut inquiéter n’est pas sans rappeler la récupération du commerce équitable par la grande distribution.
Lire l’article complet sur Bastamag: L’agriculture biologique prise au piège de la grande distribution
et
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