Nouvelles

 


13 avril 2014



Croissance en Afrique: élevée, fragile et inégalitaire


La Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique vient de publier son Rapport économique annuel pour 2014 intitulé «Politique industrielle dynamique en Afrique».





Dans son analyse de l’évolution de la situation récente, le rapport souligne que la croissance économique africaine a été environ le double de la croissance mondiale, bien qu’elle ait été en léger retrait en 2013. Les exportations, essentiellement de produits primaires, vers le reste du monde se développent mais le commerce intra-africain stagne. La principale contrainte à un développement plus rapide est, selon ce rapport, le manque de financement pour les investissement dont l’accroissement tant intérieur qu’extérieur est mis en avant comme priorité principale. Les perspectives sont cependant prometteuses grâce à des «cours relativement élevés des produits de base, une demande intérieure croissante, l’atténuation des contraintes pesant sur l’infrastructure, un resserrement absolu des liens en matière de commerce et d’investissement avec les économies émergentes» notamment. Mais la croissance reste fragile, car fortement dépendante de la situation dans les principaux pays partenaires. Elle devrait néanmoins atteindre 5% en 2015.


Entre 2009 et 2013, les champions de la croissance en Afrique ont été l’Ethiopie, la Libye, le Zimbabwe, le Ghana et le Libéria (plus de 7,5% de moyenne annuelle). Les pays les moins performants ont été l’Afrique du Sud, le Swaziland, le Soudan, Madagascar et le Centrafrique (moins de 2% de croissance annuelle moyenne).


D’un point de vue social, des progrès ont eu lieu, mais ils sont inférieurs à ce qu’il faudrait pour réaliser les Objectifs du millénaire pour le développement: taux de scolarisation en amélioration, baisse de la pauvreté extrême dans certains pays, chute du taux de mortalité des moins de 5 ans, diminution de la mortalité maternelle et réduction de la prévalence et des morts du VIH/SIDA.


Mais la croissance n’a pas été accompagnée d’une baisse de la pauvreté comparable, et les services sociaux restent très insuffisants. L’inégalité de la répartition des richesses est très forte: les revenus des 20% les plus pauvres représentent souvent bien moins de 10% du revenu total, alors que les 10% les plus riches contrôlent entre le quart et la moitié des revenus générés chaque année. «La plupart des Africains sont bloqués dans des emplois précaires, mal payés et peu productifs... La contribution du secteur manufacturier à la production globale et à la croissance du PIB a stagné ou diminué dans la plupart des pays».  


On ne peut que constater que la croissance en Afrique, bien que double de celle observée dans le monde, reste fragile, dépendante et très inégalitaire. Voilà qui a peut-être fait redécouvrir à la Banque mondiale que «la croissance seule ne suffira pas à mettre fin à la pauvreté»! Mais les solutions proposées par la Banque mondiale dans un rapport récent ne sont pas convaincantes, car elles ne remettent pas en cause de façon fondamentale le mode de croissance économique mais cherchent plutôt à aménager la situation par des programmes sociaux. De belles analyses qui appellent encore plus de collecte de données sur les pauvres, mais bien peu de solutions!


Les pauvres continueront-ils pour toujours à être des objets d’études et des  «bénéficiaires» ou bien leur laissera-t-on la possibilité de prendre en main leur développement face aux géants économiques qui dictent leur loi?

 

Dernière actualisation:    avril 2014

Pour vos commentaires et réactions: lafaimexpl@gmail.com