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Dernière actualisation: mars 2013

12 février 2013


Quel avenir pour notre alimentation ?


Au moment où les media découvrent avec une surprise non feinte la complexité et l’opacité des chaines alimentaires à l’occasion du «scandale» des lasagnes à la viande de cheval, la question alimentaire revient sur le devant de la scène qu’elle avait quitté depuis la fin de l’épisode de la grippe aviaire, et malgré les soubresauts que nous avons connus en 2012 autour des OGMs. Mais cette fois-ci ce ne sont plus les dysfonctionnements qui préoccupent les consommateurs, mais la structure et l’organisation-même des chaines alimentaires.


Dans un monde où 1/3 de l’alimentation est perdue ou gaspillée, où en Europe on détruit des milliers de tonnes de viande à la porte des grandes surfaces, dans les abattoirs, on récupère les moindres déchets, chutes de viande «non vendable», tendons, graisses et tissus conjonctifs pour en faire du minerai de viande ou du glu rose (pink slime), terrains favorables au développement des salmonelles et autre Escherichia Coli, et qui serviront de matière pour préparer des plat cuisinés ou des additifs pour lier les sauces, rendus comestibles à renfort de fortes doses de sel. Petit à petit, se fait le dur constat d’où nous a mené la recherche du profit érigée en religion qui a produit un système alimentaire paradoxal où d’un côté la majorité des producteurs agricoles arrivent à peine à vivre de leur travail, et de l’autre les consommateurs modestes sont condamnés à manger de la nourriture d’une qualité douteuse et d’un contenu mal connu. Derrière le bruit fait au sujet de la traçabilité, les contrôles des additifs chimiques de tout genre effectués sous prétexte du principe de précaution, on découvre qu’on ne sait plus ce qui est tracé, ni ce qui constitue la base-même à laquelle on ajoute les additifs.




En France, à force de «rationalisation» et de recherche d’économies dans le secteur public, on a réduit au strict minimum le nombre des agents dont le rôle est de contrôler la qualité de notre alimentation, quand ce contrôle n’est pas laissé à des organismes privés, voire à l’industriel-même. En 50 années, on est passé d’un système alimentaire de proximité où le consommateur vivant dans sa majorité en zone rurale ou dans de petites villes avait encore la possibilité de connaitre le producteur, à des chaines alimentaires longues, complexes, opaques, peu ou mal contrôlées.


Il est grand temps de réagir si l’on ne veut pas que cette évolution continue dans le même sens. Sinon cette tendance continuera et l’on verra le développement de fromages sans lait (Cargill a déjà développé son Ligomme à base d’amidons en 2009 et d’autres produits similaires sont en phase de développement), de viandes in vitro, de pâte protéiques à base d’insectes, etc.


La réaction devra être double et devra mettre en jeu tant l’Etat que les consommateurs et les producteurs:

  1. une réglementation plus stricte, une transparence plus grande, un contrôle plus effectif et une information plus poussée des consommateurs par des campagnes d’information, un étiquetage plus complet et des actions éducatives dans les écoles;

  2. une prise de conscience des consommateurs, et, dans la mesure de leurs possibilités, un choix plus informé de leur alimentation;

  3. la multiplication de filières courtes et de ventes directes sur les modèle notamment des AMAP.


Dans ce contexte, le développement du Bio en France constitue certainement une réaction des producteurs et des consommateurs à l’évolution ressentie du système alimentaire (lire dossier de presse de l’Agence Bio). La récente décision du Bhoutan de s’orienter vers le tout-bio illustre aussi la réaction d’un Etat qui a traditionnellement accordé une grande importance à l’environnement et est conscient des opportunités commerciales qu’offre le Bio (le Bhoutan connait un fort déficit de sa balance commerciale agricole et importe une grande partie de son alimentation de l’Inde voisine, mais il exporte également des fruits et légumes vers l’Inde et le Bangladesh où la classe moyenne et supérieure émergente cherche de plus en plus des produits de qualité et provenant de l’agriculture biologique).


A suivre...


Lire aussi: La nourriture du futur que nous concocte l’industrie agroalimentaire (Bastamag)