Les ressorts de la sécurité alimentaire:

La disponibilité

Les ressorts de la sécurité alimentaire: point de vue conceptuel



La disponibilité



La disponibilité des produits alimentaires est clairement une condition sine qua non de la sécurité alimentaire. Cela veut dire que dans un pays, une région, une localité, les produits alimentaires sont physiquement disponibles en quantité suffisante pour assurer la sécurité alimentaire de ses habitants. La provenance de ces aliments peut être soit locale, soit nationale ou d’importation étrangère. Cela implique donc tout un système de commercialisation qui met en rapport les producteurs (locaux, nationaux, du reste du monde) avec les consommateurs locaux.



Production


La production dépend du climat, de la qualité et de la disponibilité des terres, de la main-d’œuvre qui y travaille (son nombre et ses compétences techniques et de gestion), du capital (les équipements qui sont utilisés et les animaux), et des intrants (semences et matériel génétique, eau, matériel de gestion de la fertilité de la terre et de la santé des plantes et des animaux, aliments pour les animaux, énergie, etc.). L’ensemble est combiné par des technologies de production qui déterminent le niveau de productivité de la terre et de la main-d’œuvre, deux variables économiquement essentielles pour le partage des revenus générés par la production entre la terre, le capital et le travail.


Les ressorts de la production alimentaire: disponibilité


























D’un point de vue économique et social, le niveau de la production alimentaire dépendra aussi des conditions de compétition ou de complémentarité avec d’autres activités économiques (utilisations de la terre pour des productions non vivrières ou dans des buts non agricoles, engagement de la main-d’œuvre dans des activités non agricoles, utilisation des équipements et intrants pour des activités économiques non agricoles, etc.). L’équilibre entre la production alimentaire et d’autres activités  dépendra des revenus qui pourront en être tirés, des risques encourus, des relations sociales, du niveau de prestige ou d’autres avantages qui peuvent y être associés. Elle dépendra également du degré de valorisation que ces autres activités pourraient apporter aux produits alimentaires (transformation artisanale ou industrielle, tourisme).


Le niveau de la production alimentaire dépendra également de la qualité, de la pertinence et de l’accessibilité des services disponibles pour faciliter l’utilisation de technologie la plus adaptée (formation, vulgarisation, recherche, financement, conseil en gestion, etc.).


Toutes ces dimensions sont considérables au moment de la formulation d’une politique de sécurité alimentaire qui ne peut se limiter qu’à une simple politique de développement agricole.


Commercialisation et transformation


Les producteurs et les consommateurs sont liés par des chaînes de valeur (ou filières) qui assurent que les produits sont véritablement disponibles pour les consommateurs. Ces chaînes sont de longueur très variable. Très courtes dans le cas de l’autoconsommation, de la vente directe et des AMAP (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne, Community Supported Agriculture CSA associations dans les pays anglo-saxons, les Teikeis au Japon), elles peuvent devenir très longues quand elles comprennent des opérations de transformation et de transport sur de longues distances.


Les facteurs de disponibilité incluent un grand nombre d’éléments divers tels que :

  1. Les types de commerçants (de collecte, de gros ou de détail) ;

  2. Le mode d’organisation des producteurs (individuels, coopératives ou groupements, sous contrat) ;

  3. Les infrastructures pour l’échange (marchés réels ou virtuels, spot ou futurs), le transport (routes, rail, véhicules) et le stockage ;

  4. Les circuits d’information ;

  5. Les technologies de transformation (rendement, coûts, implications sur la logistique) ;

  6. Les modalités de distribution (petits commerçants, supermarchés ou hypermarchés) ;

  7. Le niveau de compétition aux divers stades de la filière, etc.


L’organisation institutionnelle des liens entre producteurs, commerçants, industriels et consommateurs (filières) est également essentielle. Elle doit permettre un dialogue favorisant la prévisibilité des comportements plutôt que de créer une opacité générant un manque de confiance.


L’efficacité de ces filières déterminera grandement les différences entre le prix pour le consommateur et le revenu des ventes du producteur. Ces différences varient grandement selon les produits et les pays et peuvent être fortement influencées par les politiques (réglementation, taxes, subventions). Plus cette différence est réduite, plus il sera possible de trouver un compromis entre une rémunération juste des producteurs (une incitation à la production) et un prix juste pour le consommateur (plus de pouvoir d’achat et une sécurité alimentaire accrue). 


Les caractéristiques et le mode de fonctionnement des filières à différents stades déterminent également le niveau de transmission des signaux donnés par les politiques et les marchés mondiaux. Moins les marchés fonctionnent de façon efficace et transparente, plus les filières « absorberont » les signaux qui leur seront envoyés.


Écarts de prix entre producteurs et consommateurs 

L’écart entre le prix payé au producteur et celui payé par le consommateur peut être extrêmement élevé. Cette différence est liée aux coûts de transport, de conditionnement, de stockage, de transformation (le cas échéant) et aux marges prises par les agents économiques opérant aux divers stades de la filière. Dans les pays non industrialisés, le coût de transport peut être très élevé et représenter plus de 30% du prix payé par le consommateur. 

En Europe, les différences entre le prix au consommateur et au producteur sont aussi très variables, selon le produit et le pays. Cette différence varie par exemple de 28 à 62% pour le lait liquide et de 42 à 82% pour le beurre. Pour la viande, selon les morceaux, l’écart peut aller de 12 à 92% pour la viande de porc et de 7 à 74% pour le bœuf, selon une étude du Parlement Européen datant de 2007. Pour les fruits, cette différence allait de 26 à 74% et pour les légumes de 14 à 82%.

Les causes de ces différences sont :

Le degré de concentration de la vente au détail ; 
L’importance du niveau d’organisation des producteurs ; 
Le degré de manipulation, de transformation, de stockage et différentiation des produits notamment par les marques ; 
Le cadre législatif et de réglementation.

Basé sur European Parliament, The gap between producer prices and the prices paid by the consumer, 2007http://www.ceasc.com/Images/Content/2326%20Report.pdfhttp://www.ceasc.com/Images/Content/2326%20Report.pdfshapeimage_2_link_0shapeimage_2_link_1

























Commerce extérieur


L’autre source d’approvisionnement pour un pays, au cas où la production nationale est insuffisante, est l’importation. Ce sont les mesures aux frontières (tarifs, taxes, coûts de fret, marge des importateurs, normes sanitaires et de qualité, modalités d’accès aux devises, etc.) qui déterminent les conditions d’approvisionnement, son prix et son volume. Le circuit reliant les importateurs au marché de gros est en général assez court.



Materne Maetz

(juin 2011

Revu et actualisé par Andrée-Anne Côté-St-Laurent

(2017)

 

Retour vers


La sécurité alimentaire

(fichier pdf disponible)

 

Dernière actualisation: mars 2017

Pour vos commentaires et réactions: lafaimexpl@gmail.com